Paris sous haute surveillance ce lundi
Après une journée à Istambul, une promenade à Saint-Pétersbourg, un voyage mouvementé à Londres, la flamme olympique est arrivée hier soir par avion à Paris-Charles-de-Gaulle, puis transférée à Paris Porte Maillot. L’inverse du trajet indiqué ici à Noël… et ne doit pas passer par les quartiers populaires (contrairement à 2004, où elle avait traversé les 19e et 20e arrondissements) ni par le plus ancien des quartiers asiatiques de la capitale ! Seule incursion dans le 13e : le final, au Stade Charléty, où est obligé de jouer le Paris FC, le club de football de l’Est parisien. C’est du moins le trajet officiel. Et cette « tradition » remonte à… 1936 seulement.
Si, lors des Jeux antiques, la flamme symbolisait la pureté et brûlait sur l’autel de la déesse du foyer, Hestia, à Olympie, dans les Jeux dits « de l’ère moderne », la flamme était allumée sur le lieu où se déroulaient les épreuves. Et seulement là. Par exemple, en 1928, elle ne brûla qu’au stade d’Amsterdam et en 1932 qu’à celui de Los Angeles.
C’est sous le IIIe Reich que le Führer voulut voir les choses en grand. Et, malgré les faibles moyens logistiques de l’époque, faire voyager la flamme pour le JO de Berlin de 1936. Le Dr Carl Diem, qui régna près d’un demi-siècle sur l’Olympisme tant ses rapports avec le baron Pierre de Coubertin étaient étroits, eut l’idée de faire voyager la flamme.
Ainsi, le secrétaire général du comité d’organisation des Jeux de la XIe Olympiade de Berlin propose d’instaurer le relais de la flamme au programme des Jeux d’été. La flamme est allumée à Olympie, puis relayée jusqu’à Berlin.
Ce premier relais d’été doit résoudre quelques problèmes pratiques et techniques (plus faciles de nos jours), car :
• l’antique site d’Olympie est difficile d’accès et des routes doivent être construites ; qu’à cela ne tienne ! citius, altius, fortius…
• la planification de l’itinéraire du relais nécessite des déplacements importants pour l’époque ;
• l’absence de produits adaptés (torche, vasque, etc.) nécessite la recherche de technologies spécialisées (tests avec le soleil, produits optiques,…), alors que cette année les torches biodégradables ont fait leur apparition.
Comme indiqué ici, le relais a duré douze jours, entamé par un Grec, achevé par un Allemand.
Pour les Jeux d’hiver, à Garmisch-Partenkirchen, même si le boycott fut prôné, cela n’a pas empêché Hitler et le docteur Goebbels de signer des autographes à des sportifs canadiens… Pour certains, cela faisait fureur.
Quand on voit que le parcours, tel qu’il a été approuvé par la préfecture de police, oublie soigneusement le quartier asiatique historique de Paris (13e) et l’autre (Belleville), ainsi que les arrondissements populaires, on peut avoir comme une certaine rancœur.
Déjà mercredi soir à Bordeaux un rassemblement pro-Tibet avait eu lieu. Samedi, Robert Ménard, de Reporters sans frontières, envisageait de réduire la manifestation anti-chinoise devant l’ampleur du dispositif policier digne du déplacement d’un chef d’Etat (environ 3 000 hommes, un hélicoptère, la garde républicaine, etc…). Mais, comme l’indique ici Le Journal chrétien, d’autres personnalités, de Dany-le-Rouge à François Bayrou, en passant par Dominique Voynet, appellent à manifester. Et la soudaine discrétion de Robert Ménard pourrait créer des surprises. Au point que les entrées à la Tour Eiffel sont filtrées plus que prévu.
Libération appelle pour sa part ses lecteurs à manifester sur le parcours en brandissant la une du jour. Car les autorités redoutent des manifestations pro-Tibet, comme hier soir lors de l’arrivée de la flamme en France.
Pour sa part, le nouveau président du groupe UMP au conseil de Paris, ancien champion de sabre et ancien ministre, Jean-François Lamour, devrait se rendre à Beijng pour les Jeux, pour le compte de France Télévisions, afin d’y commenter l’escrime. Quant à Bernard Faure, qui, depuis 19 ans commente l’athlétisme, il a déjà fait savoir qu’il allait travailler depuis Paris pour France Télévisions. La cérémonie d’ouverture, elle, sera retransmise (ou pas) en fonction de la participation des autorités politiques de la France, a indiqué la semaine dernière Daniel Bilalian, responsable de la rédaction des sports.
Voir (ou savoir) à Paris 3 000 hommes (tous services confondus) chargés de la sécurité, un hélicoptère survoler la ville, des navettes fluviales, des CRS prêts à intervenir au cas où… En grec ancien, « ouk élabon polin » * signifie : « ils ne prirent pas la ville ». Le service d’ordre a été mis au point avec les autorités chinoises. A quelques décennies près, c’eût été avec les nationales-socialistes ?
Fabien Abitbol, avec l’aide de l’Ambassade de Grèce en France, infographie AFP
* désolé pour l’écriture phonétique, mais je ne sais pas bien me servir du clavier en caractères helléniques…
⇒ La flamme sur le site de son fabricant
⇒ Le parcours de la flamme à Paris (sur le site de RFI, avec l’interview de Henri Sérandour et Robert Ménard)
La flamme olympique a été éteinte par la police à Paris en raison du grand nombre de manifestants
07.04.2008 12:36
La flamme olympique éteinte à Paris
Les forces de l'ordre escortant la flamme olympique sur son parcours parisien ont décidé lundi de l'éteindre en raison du nombre important de manifestants, et de l'évacuer vers un endroit inconnu à bord d'un bus, a constaté un cameraman d'APTN sur place. L'incident a eu lieu au bord de la Seine, peu après le départ de la flamme de la Tour Eiffel, aux mains du premier relayeur, l'ex-champion du monde du 400m haies, Stéphane Diagana. Des groupes de défense des droits de l'homme avaient appelé à manifester contre la situation au Tibet et l'atteinte aux libertés en Chine en général.
(SWISS TXT)
Rédigé par : Chris | 07/04/2008 à 14h02
Merci Chris.
Pour ce qui est de l’élu, il s’agit de lui :
http://menilmontant.noosblog.fr/mon_weblog/2007/09/un-lu-vert-du-c.html
Pour ce qui est de la flamme, la version officielle veut qu’elle ait été éteinte pour des « raisons techniques », mais elle a été rallumée peu avant 14 heures…
La grandeur de la France, que veux-tu !
Rédigé par : Fabien | 07/04/2008 à 14h06