Entretien avec Antoaneta Popescu, chargée de projet roms à Médecins du monde
Vous publiez, à l'occasion de la Journée de la femme samedi, le résultat du suivi en 2007 d'une centaine de femmes roms en Seine-Saint-Denis. Quel constat dressez-vous ?
A peine une femme sur dix bénéficie d'un suivi médical pendant la grossesse. Entre les fausses couches et les IVG, seules deux grossesses sur quatre en moyenne aboutissent à la naissance d'un enfant vivant. Généralement, elles appellent les pompiers lorsqu'elles sont sur le point d'accoucher et elles sont transportées d'urgence à l'hôpital.
Ce sont des situations extrêmes…
Oui, par exemple, l'âge moyen à la première grossesse est de 17 ans, et on rencontre souvent des femmes de 22 ans qui ont déjà quatre enfants. J'ai suivi une femme de 35 ans qui en était à sa 21e IVG : elle paraissait dix ans de plus. C'est le signe de la plus grande précarité.
Pourquoi ne font-elles pas valoir les droits auxquels elles pourraient prétendre ?
Il suffit de pouvoir prouver trois mois de présence en France et elles ont droit à l'aide médicale d'Etat (AME), mais très peu le savent et la demandent. Si elles vont à l'hôpital, on leur demande une facture, alors elles n'y retournent pas. Notre mission est de leur faire connaître la PMI (protection maternelle et infantile) et le planning familial.
Leur situation s'aggrave-t-elle ?
Oui, car la pression policière s'accroît, les forçant à changer de campement de plus en plus souvent.
Propos recueillis par Sophie Caillat, pour 20 Minutes, photo D.R.
⇒ Les actions des missions Roms de MDM
Commentaires