Un mois après la descente de police dans le foyer du 13e , la plupart des sans-papiers interpellés sont retournés y vivre. Et les résidants comptent se défendre.
Le 12 févier, quelque 400 policiers investissaient aux aurores le foyer de résidants étrangers Terre-au-Curé (13e) et interpellaient pas moins de 116 résidants, dont 105 sans-papiers. Un choc pour les occupants mais également pour de nombreux responsables associatifs, politiques et même judiciaires qui y ont vu « une opération d'expulsion massive de sans-papiers ». Un mois plus tard, que sont-ils devenus ? Les conditions d'hébergement - « contraires à la dignité humaine », selon la préfecture de police - ont-elles évolué dans ce foyer ? L'état des lieux est étonnant.
Les sans-papiers sont revenus
Parmi les 116 interpellés, on dénombrait 105 sans-papiers et 9 « marchands de sommeil », accusés par la préfecture de police d'héberger « à prix fort des travailleurs migrants dans des conditions insalubres ». « Ces neuf personnes ont été libérées. Une information judiciaire est en cours », assure le parquet de Paris. « Au total, environ 70 de ces 105 sans-papiers ont été libérés pour vice de procédure », précise la Cimade (organisme d'aide aux sans-papiers). Seulement 5 sans-papiers auraient été expulsés vers leur pays et 7 sont toujours au centre de rétention de Vincennes. « Tous les autres, environ 90, sont revenus au foyer », affirme Bacou Cissé, le secrétaire général du comité des résidants du Terre-au-Curé. « Je n'ai nulle part d'autre où aller », indique Mamadou*, un agent de propreté sans papiers . « Je ne peux pas laisser mes frères à la porte… » souffle l'un des occupants.
Souris et surpopulation
Des poubelles éventrées dans l'entrée, des souris qui se baladent dans les couloirs, des fuites d'eau dans les cuisines… « Ici, rien n'a changé », souffle Bacou Cissé. Les seuls travaux qui ont eu lieu, depuis l'intervention de la police, concernent les 29 portes défoncées… par les forces de l'ordre. On rentre toujours dans ce foyer comme dans un moulin et la surpopulation « dont découlent les problèmes de conditions de sécurité, d'hygiène et de salubrité », selon la préfecture, est toujours la même. « Nous devons limiter l'occupation des lieux mais nous n'en avons pas les moyens », regrette Hassan Abrach, le directeur opérationnel Ile-de-France de l'Aftam, qui gère le foyer.
Les résidants contre-attaquent
De nombreuses manifestations, dont la dernière hier, réclament la remise en liberté des sept occupants du foyer toujours retenus à Vincennes. Le Syndicat de la magistrature (plutôt de gauche) avait accusé les forces de l'ordre « d'instrumentalisation de la justice pour permettre au gouvernement de remplir ses quotas d'expulsion ». C'est aujourd'hui au tour des résidants du foyer de contre-attaquer. « Nous allons porter plainte pour escroquerie et tentative d'escroquerie », annonce Gérard Tcholakian, leur avocat, qui met en cause les renseignements à la base de cette vaste intervention.
* Le prénom a été modifié.
Texte et photo de Raphaël Domenach, pour Le Parisien du 13 mars
Merci de nous tenir au courant !
J'ai relayé, de mon mieux...
http://social.societal.free.fr/?p=253
Rédigé par : Account Deleted | 14/03/2008 à 22h28