Le taux d'abstention est habituellement 10 % supérieur chez eux
Hassan Mimun, de la mission locale d'Avignon, manifeste la satisfaction du travail bien fait. Décembre 2006, trois cents jeunes avaient œuvré pour créer une affiche incitant à aller voter pour les élections de 2007 et tous avaient fait ce qu'ils prônaient. Dans un milieu en difficulté d'insertion, « aller voter n'est pas automatique ». La Fondation Dexia, rattachée à la Fondation de France, a distingué cette action citoyenne. En juin dernier, les acteurs ont voulu refaire l'opération pour les élections municipales. « Nous avons dû renoncer. 50 jeunes intéressés sur les 5 000 que nous recevons, ce n'est pas très représentatif », explique le chargé de projet.
—————
S'il n'existe aucun sondage sur la question, les observateurs redoutent une forte abstention des jeunes lors des scrutins municipaux.
Photo Jérôme Liégeois
—————
S'il n'existe aucun sondage ou étude sur les tendances de ce vote générationnel pour la prochaine consultation, les observateurs craignent une forte abstention chez les jeunes. « Il est d'habitude aux alentours de 10 % supérieur à la moyenne de l'ensemble de l'électorat », précise Anne Muxel, directrice de recherches au Cevipof (Sciences-Po Paris).
Les étudiants
« Pour la présidentielle, cette tranche d'âge a voté aussi massivement que le reste de l'électorat. Mais déjà au moment des législatives, qui ont suivi de près, le décrochage a été très fort. Un an plus tard, pour des municipales, on peut imaginer que la participation ne sera pas forte, et différenciée entre les catégories, scolarisés, au chômage, ou faible niveau de diplôme. On peut penser que la catégorie qui va participer le plus sera plutôt diplômée », poursuit la politologue.
Et même cela, est-ce bien certain ? L'an passé, selon le ministère de l'Intérieur, au 28 février 2007, il y avait 587 051 nouveaux inscrits en France, depuis une année environ, par la procédure automatique instaurée depuis 1997. Les données de cette édition ne seront connues que cette semaine. Or, dans les villes universitaires de la région, où l'on retrouve un certain nombre de ces nouveaux inscrits parmi les 100 000 étudiants, on reste sceptique.
« Les étudiants ne votent pas sur place, et, parfois coupés de leur ville d'origine, ne se sentent pas concernés », explique un responsable UMP jeunes. « Les échantillons des sondages sont si étroits qu'il est imprudent de tirer des conclusions pour les jeunes », estime Anne Muxel. Selon le sondage réalisé par La Provence le 2 février à Marseille sur 700 personnes, 51 % des 18-24ans étaient « beaucoup ou assez intéressés ».
Clientélistes ?
La vraie jachère à labourer reste donc le domaine des jeunes des quartiers. Dans la région, il n'y a pas vraiment de listes « citoyennes », comme on les nomme dans le 9-3, capables de mobiliser ce genre de public. La Fondation Dexia a tenté à nouveau de générer des projets citoyens, mais reconnaît que « c'est plus difficile ». Une trentaine de projets reçoivent chaque année chacun environ 7 000 €.
À Salon, « Voter, c'est gagner » a permis de créer un jeu du genre Trivial Poursuit où celui qui connaît le mieux la vie des institutions devient maire. Mille exemplaires devraient sortir cette semaine (rens. au 04 90 56 28 21). « Les douze qui l'ont créé sont devenus conscients qu'un bulletin de vote, c'est important », explique le responsable Jean-François Bruneau.
À Carpentras, c'est une ville imaginaire Sylvana qui a été créée. Mais ces initiatives portent sur peu de jeunes. « On a commencé à parler des élections début février, raconte Hassan Mimun. Pour eux, mairie égale emploi. Nous, on a les déçus, ceux qui n'ont pas eu de job. Un public un peu clientéliste qui, dans une élection locale, va là où ça paye ou reste à la maison. »
Source : La Provence du 25 février
⇒ Pour des explications sur les règles du jeu, écouter ici le reportage diffusé ce samedi matin sur Europe 1 et les explications de Nathalie Chevance.
Commentaires