Sept jeunes du 19e arrondissement de Paris, accusés d'avoir formé à partir de 2004 une filière de recrutement et d'envoi de jihadistes en Irak, comparaissent depuis mercredi devant le tribunal correctionnel de Paris. Durant six journées d'audience, le tribunal va examiner le parcours de ces sept jeunes musulmans, dont certains ont quitté la banlieue du nord de Paris pour rejoindre les champs de bataille en Irak.
Au moins une dizaine de personnes, étrangères ou françaises d'origine maghrébine qui vivaient dans ce quartier populaire et se connaissaient souvent depuis l'enfance, sont parties de France pour combattre l'armée américaine en Irak. Selon l'accusation, elles auraient rejoint des groupes relevant de l'ancien chef de la branche irakienne d'Al-Qaïda, Abou Moussab al-Zarkaoui, tué en juin 2006 en Irak.
Trois y sont mortes, dont l'une en commettant un attentat-suicide, d'autres y ont été blessées ou arrêtées en Irak ou en Syrie. Les sept prévenus, cinq Français, un Algérien et un Marocain âgés de 24 à 40 ans, sont poursuivis pour avoir participé à une « association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte de terrorisme », une infraction passible de dix ans d'emprisonnement.
Selon l'accusation, cette filière s'organisait autour de Farid Benyettou, 26 ans, qui à l'époque des faits fréquentait une mosquée du 19e. Lecteur du coran, doté d'un charisme certain, il regroupe autour de lui des amis et leur fait partager sa révolte à l'encontre des Etats-Unis intervenus en Irak. Durant l'enquête, il a lui-même reconnu avoir motivé plusieurs de ses ouailles à aller en Irak pour participer au jihad (guerre sainte).
Lui et son groupe avaient été repérés en février 2004 par la police, lors de manifestations contre l'interdiction du voile islamique à l'école.
Mercredi, il comparaissait détenu aux côtés de Saïd Abdellah, Nacer Eddine Mettai et Boubakeur El-Hakim. Ce dernier, dont le frère Redouane a péri à Falloujah, au nord de Bagdad dans des bombardements américains, a été arrêté par la police syrienne à son retour d'Irak, et expulsé vers la France. Dans plusieurs interviews à des médias français qui réalisaient des reportages dans des camps d'entraînement en Irak, le jeune homme avait affirmé vouloir « tuer tous ceux qui veulent tuer l'islam ». Il avait également appelé ses camarades du 19e arrondissement à le rejoindre.
Les trois autres prévenus, Mohammed El Ayouni, Thamer Bouchnak et Cherif Kouachi, comparaissent libres. Tandis que Bouchnak et Kouachi ont été interpellés juste avant leur départ pour la Syrie, Mohammed El Ayouni lui s'est rendu sur le front irakien. Expulsé de Damas vers la France en juin 2006, ce Français d'origine tunisienne a perdu un œil et un avant-bras en novembre 2004 lors des terribles combats de Falloujah.
« Mon client dit avoir déterré et sauvé des femmes et des enfants, ce qui selon moi est plus un acte de bravoure que de terrorisme », relevait mercredi, en marge de l'audience, son avocat Me Eric Plouvier. Ce n'est pas parce que ces jeunes sont allés en Irak qu'ils « avaient une intention délictuelle ou criminelle », a-t-il ajouté, dénonçant « l'absence d'enquête en Irak ».
Après avoir rejeté une demande de renvoi présentée par Me Plouvier, qui réclamait l'audition de Peter Cherif, rentré en France le mois dernier et soupçonné d'avoir suivi la même filière, le tribunal a tout juste commencé l'interrogatoire des prévenus. La figure centrale de l'organisation, Farid Benyettou, devrait être entendu jeudi. Le procès doit s'achever le 28 mars.
AFP, photo DR
⇒ Terrorisme - Procès des jihadistes français en Irak
⇒ Antiterrorisme - Coup de filet dans la filière irakienne
⇒ Terrorisme - Filières irakiennes: six personnes mises en examen à Paris
⇒ Filières irakiennes - Filières irakiennes : tous les suspects libérés
⇒ Une dépêche de l’AFP Washington de 21h11, heure de Paris, annonce que, selon « un centre spécialisé dans l’interception des communications d’Al-Qaïda, la société américaine SITE Intelligence Group », le chef du réseau Al-Qaïda, Oussama ben Laden, devrait prochainement diffuser un nouveau message.
Commentaires