À deux reprises, des listes de 162 universitaires italiens « juifs ou soutenant Israël » ont été publiées sur Internet. La police est intervenue pour obscurcir le site tandis que le parquet de Rome a ouvert une enquête pour « atteinte à la vie privée ». Si leurs auteurs étaient découverts, ils encourraient trois ans de prison pour propagation de « haine raciale ».
Les listes sont apparues sur un site de bloggers proches du Parti démocrate, qui a alerté la police. Elles étaient signées « H5N1 », en référence au virus de la grippe aviaire.
Bien qu'elles aient été mises sur le fil en novembre 2007, curieusement, personne ne les avait remarquées avant vendredi dernier. Elles dénoncent un prétendu « lobby hébraïque » à l'intérieur des universités italiennes et fustigent son « arrogance idéologique ». Les professeurs sont accusés d'être des « barons, manipulant la pensée des étudiants ». Leurs noms ont été recopiés à partir d'une pétition contre le racisme en Grande-Bretagne, publiée en mai 2005 dans le Corriere della Sera.
« De voir mon nom sur la liste m'a fait frissonner », reconnaît Anna Foa, professeur d'histoire contemporaine. « Même s'il s'agit d'imbéciles, il est préoccupant de voir tant de haines stratifiées pendant des décennies », ajoute Claudia Hassan qui enseigne les lettres modernes.
Cette publication a suscité l'indignation générale, à droite comme à gauche. Le chef de l'État, Giorgio Napolitano, s'est déclaré « stupéfait » et « déconcerté » par cette « provocation indigne », tandis que l'Église, par la voix du cardinal Carlo Maria Martini, témoignait de sa solidarité.
Ce week-end, sur les murs de Turin, sont apparus des graffitis appelant à boycotter en mai le Salon du livre si une délégation d'écrivains israéliens confirmait sa participation.
R. H., à Rome, pour Le Figaro
⇒ Polémique italienne sur l’invitation d’Israël au Salon du Livre, sur Lettres d’Israël, le blogue littéraire franco-israélien.
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