Le délit de fauchage a été instauré
Jean-François Legrand, Président de l’inter-groupe sur les OGM lors du Grenelle de l’environnement, puis de la Haute Autorité provisoire, jette l’éponge et se retire momentanément des débats en cours au Sénat sur la loi OGM.
lsolé au sein de l’UMP, il incarnait l’espoir des ONG dans un débat houleux. Géo a recueilli sa réaction et l’avait interviewé la veille sur la situation.
« Devant l’hostilité de mon camp, j’ai décidé de me retirer des débats et de retirer mes amendements. J’ai pris cette décision pour dénouer les crispations et laisser le plus de chances à la loi de passer, telle qu’elle est proposée par le gouvernement », déclarait-t-il à Géo en début d’après-midi. Il affirme avoir pris cette décision « sans aucune pression, cette nuit, en pesant le pour et le contre et en tranchant pour l’intêret général ».
Interviewé par Géo hier soir, il n’était pas tendre envers la majorité UMP au Sénat, qui, selon lui « sacrifie la loi aux intérêts économiques à court terme et envoie des messages de sympathie au lobby semencier. Il y a aussi un mélange de frustration de n’avoir pas été consulté au moment du Grenelle et une volonté de reprise en main. » Le sénateur a fait l’objet d’attaques personnelles et blessantes de la part de certains sénateurs, affirme l’ONG Greenpeace, qui suit tous les débats.
Reprise en main des pro-ogm
Hier, il faisait part de ses craintes que « les acquis du Grenelle ne soient rognés » par l’adoption d’amendements en retrait par rapport aux texte final du Grenelle. Notamment sur la Haute Autorité Permanente, dont le premier avis, rendu en décembre dernier, sous la houlette du sénateur lui-même, avait conduit à la suspension sur le maïs Monsanto 810.
Son rôle sera de fixer les règles de transparence des cultures, d’information des citoyens et de responsabilité des producteurs - semenciers et agriculteurs.
Elle devait être basée sur le principe de concertation qui a fait, selon lui, « le miracle du Grenelle ». Avec un collège représentant la société civile et un autre, les scientifiques. « C’est le seul moyen de pacifier le débat au sein de la société, et d’assurer la transparence. Pour l’instant, on voit des scientifiques très pour et d’autres très contre se disputer ».
Or, l’amendement apporté au texte stipule que la voix des scientifiques vaudra pour avis, et celle des représentants de la société civile pour recommandation, « ce qui donne à nouveau la prééminence aux sciences dures », estime le sénateur.
Devant la défection du principal défenseur du projet, Greenpeace craint plus que jamais une totale reprise en main des pro-OGM. Mais, affirme Jean-François Legrand, « je n’ai pas changé de position par rapport à hier. Y-a-il un intérêt économique et écologiques aux OGM pesticides ? Je ne le pense pas ». Il assure qu’il sera à nouveau présent, lors du second passage du texte au Sénat, et qu’il rétablira ses amendements.
Anne de Malleray, pour L’Espace vert de Géo Magazine
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