Après avoir chassé en terre chrétienne (discours de Latran), puis musulmane
(discours de Riyad), le Président de la République française chasse maintenant en terre juive (discours lors du dîner annuel organisé par le
Crif). C’est logique. A chaque fois, il a exposé sa même vision du rôle des religions, en particulier à l’école. Sur cet aspect des choses, nous ne pouvons que renvoyer à notre communiqué « Le chanoine et la République » (repris ici, note du ouaibemaître).
Tout aussi préoccupant : en terminant son allocution lors de ce dîner, le président de la République a demandé au gouvernement, et plus particulièrement au ministre de l'Éducation nationale, Xavier Darcos, « de faire en sorte que, désormais, chaque année, à partir de la rentrée scolaire 2008, tous les enfants de CM2 se voient confier la mémoire d'un des 11 000 enfants français victimes de la Shoah ».
Nous joignons notre voix aux nombreuses protestations qui se sont déjà exprimées.
En premier lieu, mieux vaudrait, quand on tente d'imposer un devoir de mémoire, disposer de connaissances en histoire : rappelons que ces quelque 11 000 enfants juifs déportés de France n’avaient pas tous la nationalité française, et pour cause (faut-il rappeler les lois anti-juives de Vichy ?).
Nous savons aussi que l’histoire et l’émotion font souvent mauvais ménage. Jouer sur le registre de l’émotion, pour ce sujet comme sur d¹autres, c’est jouer avec le feu, en particulier à l’école.
Enfin, nous pensons que, si la mémoire de tous les enfants victimes de la Shoah, prise dans son ensemble, appartient à l’humanité tout entière, celle de chacun d’entre eux est singulière et n’appartient à personne en particulier. De quel droit propose-t-on de « confier » cette mémoire, et qui plus est, à des enfants de 10 ans ?
Les enfants ne sont pas, ne doivent jamais être, des objets qu’on manipule. Ni les morts, ni les vivants.
Note : Intrigué par le chiffre de onze mille enfants juifs français, mis en exergue dans cette note, votre ouaibemaître a pris contact, vendredi, avec le Mémorial de la Shoah. Qui lui a expliqué que la plupart des enfants juifs n'étaient pas de nationalité française ou venaient de perdre leur nationalité au moment de leur départ pour les camps de la mort, et que pour arriver au chiffre de 11 000, il fallait soit une large fourchette, soit ne pas prendre que les Juifs…
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