Jean-Marie Cavada, tête de liste (UMP) dans le 12e
Jean-Marie Cavada revient sur la polémique qu’ont déclenchée les propos tenus par le journaliste Yvan Stefanovitch la semaine dernière, dans une librairie parisienne. Ce dernier avait dénoncé les subventions municipales versées à des associations juives dans le but « de s’attirer le vote juif », comme le montre une vidéo diffusée sur Internet.
Vous avez affirmé dimanche ne pas avoir entendu les propos d’Yvan Stefanovitch…
Tout d’abord ni mon histoire personnelle, ni mon histoire familiale actuelle ne peuvent permettre de penser que, de près ou de loin, je suis complice de propos antisémites, racistes, et d’une façon générale homophobes ou discriminatoires. Ensuite, je condamne sans aucune restriction des propos de cette nature, comme je l’ai toujours fait tout au long de ma vie et de façon publique, à travers mon métier de journaliste. J’ai été l’un des premiers à mettre, l’accent sur la rafle du Vél’d’Hiv avec une série d’émissions que j’ai réalisées. Cette série a donné lieu, en 1995, à la reconnaissance de cette rafle par le président de la République. J’ai été aussi le premier à sortir les archives du procès Klaus Barbie pour les montrer à tout le monde en termes de pédagogie. Je ne vais pas citer tout le catalogue de mes films pour favoriser la mémoire de la shoah et pour lutter contre le racisme et l’antisémitisme…
En somme, il s’agit selon vous d’un complot…
Je suis atterré de voir que nos adversaires politiques dans le 12e arrondissement essaient de capturer le martyrologue du peuple juif pour essayer d’en faire un argument électoral en leur faveur. C’est quelque chose de sacré, auquel on ne doit pas toucher. Cette manipulation politique, montage du document à l’appui, est extrêmement dangereuse dans la relance des sentiments antisémites.
On vous reproche de ne pas avoir réagi…
Je n’ai pas réagi car je n’ai pas entendu ce propos. J’étais en pleine conversation avec une candidate, Corinne Tapiro [à écouter ici le débat sur le poker à l’école dans les Hauts-de-Seine, où Mme Tapiro représente la PEEP, note du ouaibemaître]. Quand vous êtes en train de parler avec une tierce personne, vous ne pouvez pas entendre tout ce que dit le conférencier. Les manipulations de ce genre ont leurs limites, et la communauté juive doit savoir de quel côté je me trouve.
Si vous aviez entendu ces propos, comment auriez-vous réagi ?
Il n’y a aucune ambiguïté : soit je l’aurais interrompu pour le contredire, soit j’aurais quitté la salle. En tout cas, je ne l’aurais pas laissé dire cela, c’est bien clair. C’est pour cette raison que je n’accepte pas le procès que l’on essaie d’instruire contre moi.
Aurélie Sarrot, pour Metrofrance Paris, photo Patrick Kovarik, AFP Archives.
A lire :
Le « oui » devient odieux : après Le Pen, Cavada dérape, 9 février 2005, sur L’Observatoire de l’Europe.
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