Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre en charge de la santé, a exclu ce matin la vente de médicaments en grandes surfaces, sur les ondes de RMC-Info, au micro de Jean-Jacques Bourdin. Elle répondait à Michel-Edourd Leclerc, invité hier à la même émission où Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal s’étaient chacun son tour fait « piéger ». Mme Bachelot, du temps où, mariée, elle tenait son officine à Angers (la terre d’élection de son défunt père qui fut pendant vingt ans député), avait attaqué une grande surface. Et gagné.
La ministre de la Santé Roselyne Bachelot-Narquin a exclu ce matin la possibilité pour les grandes surfaces de vendre des médicaments, jugeant que les médicaments doivent être « vendus dans un environnement sécurisé ». « Ce n'est pas parce qu'un médicament n'est pas remboursé que ce n'est pas un médicament efficace. Il n'est pas question de banaliser le médicament. On ne va pas vendre des médicaments entre une boîte de petits pois et une boîte de carottes », a-t-elle déclaré au micro de Jean-Jacques Bourdin, sur BFM TV et RMC-Info.
Content d'apprendre par la ministre, docteur en pharmacie, qu'un médicament non remboursé peut être efficace. Pourquoi, alors, dérembourser… avec des effets pervers en sus des effets immédiats sur le porte-monnaie ?
« C'est donc une question de santé publique et de protection du consommateur », a-t-elle ajouté, précisant « La commission Attali se base sur des présupposés purement économiques et nous sommes dans une question de santé publique ». La ministre répondait à Michel-Edouard Leclerc, des grandes surfaces du même nom, qui souhaite pouvoir vendre des médicaments, comme le préconise la commission Attali sur la croissance.
Pourtant, en octobre 2007, les pharmaciens semblaient craindre l’inverse de la part de Mme Bachelot-Narquin. S’il s’agit d’un simple revirement, on peut omaginer qu’il vienne de là. Ou de l’augmentation spectaculaire de certains médicaments (en prix, pas en quantité).
A moins que Mme Bachelot-Narquin ne se souvienne subitement de sa jeunesse. Docteur en pharmacie, elle tenait, à Angers, une officine jouxtant l’un des hypermarchés les plus grands de France. Qui y vendait certaines choses à l’époque illégales en grandes surface, comme des pansements. C'était en des temps forts lointains, alors que je vivais dans cette ville, que j'ai quittée en… 1982.
La pharmacie attaqua en justice la grande enseigne… et, après une longue procédure, obtint réparation et saisie du stock. Depuis, la réglementation a changé et l’on trouve ce genre de choses dans toutes les grandes surfaces.
Le pot de terre avait gagné contre le pot de fer, bien qu’un banal pansement ne soit a priori pas si dangereux. En septembre, le gouvernement nous faisait réfléchir et nous incitait à l’automédication. En novembre, le laboratoire pharmaceutique Cooper se montait fort mécontent et envisageait de quitter l’Afipa (Association française des industriels pour une automédication responsable). Il n’est pas impossible que l’ancienne apothicaire n’ait eu un sursaut de corporatisme…
F. A.
⇒ Pour écouter la réponse de Mme Bachelot-Narquin à Michel-Edouard Leclerc ce matin sur RMC, cliquer ici, puis sur le bouton rouge de la page en haut à gauche.
⇒ Médicaments : des hausses de 16 à 294 % hors taxes
⇒ Un débat organisé en novembre par Les Echos, dans lequel M. Attali exprime sa position sur les médicaments.
Tiens, c'est vrai cela : j'avais oublié que tu avais résidé à Angers, comme moi (je suis parti vers 1973). Chez les Narquin, on est potard·e·s de très longue date. Mais maintenant, tout le monde s'est casé dans la politique.
Question sursaut de corporatisme, elle a surtout réussi à faire en sorte que les bénéfices que devaient tirer les patient·e·s des génériques soient captés par les pharmacies. Elle a même fait changer une loi pour cela. C'était dans le Canard enchaîné.
La Narkozye, c'est tout pour notre gueule en toute impunité. Pourquoi se gêner ? L'Italie a bien voté de nouveau pour Sua Eminenza et le Neuf-Deux pour les Balkany, Ceccaldi et consorts…
Rédigé par : Jef Tombeur | 20/04/2008 à 17h53
Puisque tu as quitté environ dix ans avant moi, tu n'as pas connu cette affaire contre Carrefour (à l'époque le plus grand hypermarché d'Europe à ce que j'ai récemment appris…).
Tu réagis bien tard à ce billet ! heureusement que, contrairement à ailleurs, je ne ferme pas les commentaires à une semaine ou un mois !
Merci tout de même d'être passé…
Rédigé par : Fabien | 20/04/2008 à 20h33