Un expert lors du procès d'assises pour acte de barbarie dans une cité du 20e
Dans le box des accusés, aucun ne reconnaît les faits. L'un avoue « avoir été présent dans l'appartement cette nuit-là ». L'autre, « s'être trouvé au mauvais endroit au mauvais moment ». Ou encore « avoir donné juste une gifle ». Mais ne reconnaît jamais avoir roué de coups de poing et de pied Hatem, 28 ans, ce soir de mai 2006, avoir brûlé son dos avec des cigarettes, l'avoir ligoté puis l'avoir laissé gisant dans son sang dans l'escalier au petit matin.
Depuis vendredi dernier, six personnes - trois membres de la famille K., la mère et deux de ses fils, et trois de leurs amis - comparaissent devant la cour d'assises de Paris pour « enlèvement, séquestration, tortures et actes de barbarie ». La victime : un Tunisien de 28 ans, sans papiers à l'époque des faits, qui avait été hébergé dans l'appartement de la famille K., dans une cité de la rue Hélène-Jakubowicz, à Ménilmontant. Et qui leur aurait volé de l'argent. Mais l'audition des accusés n'a pas permis pour le moment de mieux comprendre ce drame : tous nient. Idem pour le témoignage de la victime, confus et déstructuré. Hier matin, c'était donc au tour des experts d'avoir la parole pour tenter d'éclaircir la situation.
« Le point commun de ces cinq jeunes est de ne pas avoir eu de structure familiale. Pas de père : c'est ça l'origine du drame ! analyse l'auteur de l'enquête sociale. Ajoutez-y la consommation d'alcool et de shit… et ils ont franchi le pas. »
« Aucun d'eux ne semble avoir pris conscience de la gravité des faits »
Dans le box, Demba baisse la tête. Ce jeune homme de 21 ans a grandi parmi 16 frères et demi-frères et sœurs et, selon ses mots, « un père agressif et colérique ». Idem pour Zékir, 25 ans, dont le père est alcoolique. Saïd, 21 ans, lui, l'a perdu alors qu'il n'avait que 16 ans. Quant aux deux frères de la famille K., 22 ans et 27 ans, ils ont navigué de foyer en famille d'accueil.
« Moi, je ne les ai vus qu'une fois, explique l'expert psychiatrique. Mais je peux dire que tous ont eu une petite enfance difficile, sauf peut-être Saïd. Tous souffrent aussi de désinsertion sociale et professionnelle. Et tous consomment de l'alcool ou des drogues… » Dernier point commun, relevé par l'expert : « Aucun d'eux ne semble avoir pris conscience de la gravité des faits. Ils ne montrent aucun signe de commisération ni de culpabilité. » Les audiences se poursuivent aujourd'hui.
Texte et photo Violette Lazard, pour Le Parisien
Commentaires