C'est un blog qui vaut le détour. Dans une note publiée le 19 novembre, que vient de dénicher latélélibre.fr, le directeur de la rédaction du magazine Jeune Afrique, François Soudan, publie un courrier adressé au journal par une jeune fille de 17 ans nommée... Rachida Dati. La lettre date de 1982. La future garde des Sceaux écrit : « Je tiens à dire aux Français qui disent aux étrangers : " Si tu n'es pas content, retourne dans ton pays où on crève de faim " qu'ils sont ridicules. Est-ce la faute des étrangers qui sont venus pendant la prospérité et qui, dorénavant, sont remis en cause quotidiennement ? »
« Vingt-cinq ans plus tard, cette lettre n'a pas pris une ride, relève François Soudan. Elle pourrait être écrite par une autre jeune fille qui protesterait contre les tests ADN et les quotas d'expulsions. » François Soudan a, depuis, retiré cette lettre de son blog, la jugeant « très personnelle ».
Pour des raisons similaires, le journaliste explique qu'il ne révélera pas « avec qui Nicolas Sarkozy se trouvait en week-end très privé » les 2 et 3 novembre à Marrakech.
Stéphane Colineau, pour 20 Minutes
Voici l'intégralité du billet qui a été supprimé du blog de François Soudan :
Quand Rachida écrivait à JA
Par François Soudan, lundi 19 novembre 2007 à 16:03
En fouillant, l’autre jour, dans les archives de Jeune Afrique, mon collègue Samir Gharbi est tombé sur de vraies pépites.
Une douzaine de lettres qu’une jeune lectrice nommée… Rachida Dati – oui, l’actuelle ministre française de la Justice ! – nous a écrites, il y a plus de vingt ans, et que nous avions alors publiées dans notre rubrique « BP 250 ».
En voici une. Elle date de 1982, Rachida avait alors 17 ans et elle était lycéenne à Chalon-sur-Saône.
« C’est avec un grand plaisir que j’écris à J.A. car il est devenu une source d’exposés en classe et c’est pour cela que je vous serais bien obligée de publier ma lettre.
Si je parle ainsi, c’est en connaissance de cause, en étrangère malgré ma naissance et toute ma vie passée en France.
Dans J.A. n° 1144, un article a particulièrement attiré mon attention, celui des travailleurs "clandestins". Le problème s’accentue sous toutes ses formes. Avec ces régularisations des "sans-papiers", avec ceux qui font la grève de la faim pour être enfin assimilés à leurs compatriotes étrangers en règle.
Le résultat est hausse de tension, racisme et même xénophobie envers ces étrangers dont la plupart ne le méritent pas, quelle que soit leur situation. Ces réactions sont fortement ressenties à tous les niveaux et particulièrement dans les endroits publics (écoles, bureaux).
Est-ce la faute de ces étrangers, qui sont venus pendant la prospérité et qui, dorénavant, sont remis en cause quotidiennement ? Alors, je tiens à dire aux Français qui disent aux étrangers : « Si tu n’es pas content, retourne dans ton pays où on crève de faim » qu’ils sont ridicules.
Ils ne s’imaginent pas la crise qui pourrait atteindre "leur" pays avec le départ de "ces bougnoules". Quant au slogan des employeurs, c’est : « Tais-toi ou pars ! »
Excusez-moi pour l’écriture, mais je vous ai écrit en étude. »
Vingt-cinq ans plus tard, cette lettre n’a pas pris une ride – ou si peu. Elle pourrait même être écrite aujourd’hui par une autre jeune fille en colère et qui protesterait contre les tests ADN et les quotas d’expulsions mis en œuvre par… l’actuel gouvernement français.
Rédigé par : Chris | 04/12/2007 à 14h05
Merci bien. J'avais trouvé une version un peu plus courte mais qui semble être la même.
Rédigé par : Fabien | 04/12/2007 à 15h24