Un tour de passe-passe pour faire traîner la justice…
Jean Sarkozy, le deuxième fils du président, a bien de la chance. Après s’être fait voler son scooter (fait divers rapporté ici et récupéré près de deux jours plus tard par une agence), Jean Sarkozy avait retrouvé un scooter grâce à des recherches ADN - le deux-roues n'était pas assuré, à l’époque du moins, contre le vol.
Pour un supposé délit de fuite datant de 2005, il avait fait l’objet en septembre dernier (son père, en janvier ministre d’Etat, était alors devenu président de la République) d’une citation à comparaître.
Motif de cette assignation : n’avoir pas réglé, après trois relances de la part de l’assureur d’une voiture emboutie et d’une visite amiable d’un militant UMP (frère de la victime de l’accident) au siège de campagne du candidat de La France d’après… dans le 10e arrondissement, au cœur de la Petite Turquie, une facture de 260,13 € de réparations de la voiture emboutie.
Pour la deuxième fois cité à comparaître hier devant la 10e chambre correctionnelle de Paris (toujours pour son accrochage du 14 octobre 2005, place de la Concorde), il s’est cette fois déplacé. Poursuivi pour délit de fuite, défaut de maîtrise de son véhicule, non-respect des distances de sécurité et dégradation légère d'un bien appartenant à autrui, il était aussi attendu au tribunal par de nombreux journalistes français et étrangers.
A l’audience d’hier, Me Thierry Herzog a produit les résultats d'une expertise selon laquelle le scooter de son client n'aurait pas pu abîmer le pare-choc tel que l'affirme l'automobiliste. Pour l'avocat de la victime Mohamed Bellouti, ce rapport est tout simplement « grotesque ». Le tribunal a donc jugé qu'une « expertise complémentaire s'imposait pour faire la lumière sur cette affaire »… et a « ordonné un complément d'information » ainsi qu’une expertise « pleinement contradictoire », qui devra notamment « dire si en percutant la BMW, le scooter a pu ou non provoquer les dégâts constatés ».
L'affaire est renvoyée au fond à l’audience du… 25 juin 2008, soit plus de deux ans et demi après les faits et plus de trois mois après les élections municipales et cantonales des 9 et 16 mars. Ou six mois pour constater des dégâts réparés pour un si faible montant !
Et pendant ce temps, on parle des lenteurs de la justice, pour des affaires autrement plus graves où les enjeux sont bien supérieurs à 260,13 € !
F. A.
⇒ A écouter : La comparution de Jean Sarkozy renvoyée au mois de juin, sur Europe 1
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