RFI, TV5 Monde et Europe 1 s’associent… et rejoignent France Télévisions
Parmi les « grandes manœuvres » orchestrées par la France -amplifiées depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir- pour sauver l’otage colombienne Ingrid Bétancourt (lire ici le « Dossier Bétancourt » du gratuit 20 Minutes), se déroulera mercredi 19 décembre une journée spéciale sur RFI, TV5 et Europe 1.
Difficile d’oublier les paroles calquées sur celles du révérend noir américain Martin Luther, prononcées par le président Sarkozy il y a dix jours : « Je forme un rêve : celui de voir Ingrid au milieu des siens pour Noël ».
Ce matin, sur Radio-Sarko Europe 1, Dominique Souchier avait invité dans son émission le journaliste-écrivain Lionel Duroi, co-auteur de « La rage au cœur » (XO Edition, février 2001, traduit en treize langues, puis sorti en 2002 en format poche chez Pocket), qui expliquait comment cette femme avait appris par son père diplomate qu’elle avait « une dette » envers la Colombie, après avoir grandi en France et comment elle avait assumé un « douloureux » divorce et la séparation des siens pour se lancer en politique en Colombie. Comment aussi cette inconnue avait découvert la corruption par les narco-trafiquants et voulait lutter contre. Comment, enfin, élue députée, puis sénateur, Ingrid avait réussi à se frayer un chemin, après un entrefilet dans le quotidien français Le Figaro, puis des sujets dans l’ensemble de la presse colombienne.
En fin d’émission, il y eut confirmation que la « machine de guerre » présidentielle était lancée : la journée Bétancourt aura lieu mercredi. Avec le soutien de Europe 1 (qui appartient à Lagardère Interactive, détenu à 80 % par le « frère » du président et à 20 % par un autre marchand d’armes, le groupe Dassault), de TV5 Monde, dont l’actionnariat est détenu majoritairement par la France (47,5 % à France Télévisions, 12,5 % à Arte France, 6,61 % à l’Ina et trois fois 0,06 % à trois particuliers français…) et Radio France internationale, financée exclusivement par la France, par le biais de la redevance audiovisuelle (devenue un impôt d’Etat l’année où M. Sarkozy était ministre de l’Economie, comme précisé ici) et des fonds du ministère des Affaires étrangères.
Par ailleurs, depuis mercredi dernier, France Télévisions diffuse un spot réalisé par Jacques Séguéla (pour l’agence Mangaia), ce « sur proposition » du comité de soutien.
Que M. Sarkozy veuille libérer l’ancienne élève de Dominique de Villepin à Sciences Po avant qu’elle n’achève ses six ans de captivité n’est pas condamnable, loin s’en faut. Qu’il en écarte le Quai d’Orsay et en fasse une affaire personnelle comme indiqué ici (dans un journal propriété de la Socpresse et détenu par ce sénateur UMP, donc a priori bien informé sur les coulisses élyséennes) est étonnant. Cela dit, on en a vu d’autres… Qu’il mobilise les moyens des contribuables français, soit. Mais, puisqu’il a tous les pouvoirs, pourquoi ne s’occupe-t-il pas davantage de notre voisin Guy-André Kieffer, journaliste disparu en Côte d’Ivoire le 16 avril 2004, et dont il a reçu la famille en août (à sa demande) ?
Dans son discours d’investiture du 16 mai, il avait été, entre autres, question d’Ingrid Bétancourt, mais pas de Guy-André Kieffer, Français de naissance, ayant obtenu la nationalité canadienne par les hasards de la vie. Ici, pour l’instant, personne n’a parié pour savoir si Mme Bétancourt, française par le mariage, sera libre pour Noël…
Fabien Abitbol
⇒ Le blogue de soutien à Guy-André Kieffer est ici, le site d’informations de la famille est là, avec les dernières nouvelles par ici.
Sous le titre « Duplicité franco-ivoirienne », on peut lire un message daté d’hier après-midi et rédigé par Bernard Kieffer, qui rappelle cette phrase du président Sarkozy : « Cette affaire est une priorité pour la France », prononcée le 23 août à la famille de notre voisin. Pourtant, il n’y a plus de policiers pour assister le juge d’instruction…
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