Ce soir, à 23h00, après un épisode inédit de Famille d’accueil (de Marion Sarraut, avec Christian Charmetant et Virginie Lemoine dans les rôles principaux), France 3 consacre un documentaire culturel et musical à Denise Glaser, bannie de la télévision à Noël 1974, après près de quinze ans de travail au service de l'audiovisuel public, et décédée en 1983, sans avoir eu la possibilité, malgré l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand et de Jack Lang, de revenir à l’ecran…
Tout au long des années 60, juste avant le traditionnel repas dominical, des millions de Français ont regardé avec assiduité, en famille, l'émission « Discorama », de Denise Glaser. Une émission dite « de variétés » qui détient un record de longévité : quinze ans. Les monstres sacrés de la chanson française y ont défilé : Piaf, Aznavour, Brel, Brassens, Léo Ferré…
De jeunes talents, comme Françoise Hardy, Eddy Mitchell (sans ses Chaussettes), Michel Polnareff, y ont fait leur première apparition. « Discorama » est avant tout l'œuvre d'une femme, Denise Glaser, qui explorait à l'époque les cabarets, curieuse de nouveaux talents. Grâce à elle, Barbara fit sa première émission télévisée le 4 février 1959, et un peu plus tard, Serge Gainsbourg.
Faire chanter… un auteur
A part sur certaines chaînes du câble et du satellite, les apparitions de Denise Glaser sont exceptionnelles. Ce n’est qu’en février 1986 (après 23h) que TF1 — non encore privatisée — lui a rendu son premier hommage. Là aussi à un horaire tardif… Indigne d'une dame respectée, que l'on regardait le dimanche au déjeuner, après l'heure de la messe, bien qu'elle fut entourée de communistes ou proches. Sa présence, son talent, son aura suffaisaient à créer un personnage… ou un « tube ». La maison de disques de Georges Moustaki était gênée par l'expression "Juif errant" dans Le Métèque ? Qu'à cela ne tienne. Un passage chez Denise et le lendemain le standard téléphonique de ladite maison était pris d'assault. Alors que Georges Moustaki reconnaît encore, de nos jours, qu'il est un auteur davantage qu'un interprète. Mais ces mots-là ne pouvaient passer que par sa voix (à lui) et sa voie (à elle…). Alors, Moustaki devint chanteur. Et Le Métèque fit le tour du monde en de multiples versions. Un succès qui perdure dans nos mémoires.
Chez Polydor, on disait que le premier 33 tours de Maxime Le Forestier était « une belle pochette… vide ? » Après un passage du chanteur à la télé, il se vendit un million et demi d'exemplaire de disques dans cette France que cette dame savait écouter, entendre et partager…
Ses idées, elle les faisait subrepticement passer au travers de ses invités. Parler du Franquisme ? Pas dans une émission populaire de variétés ! Mais inviter le Bellevillois, fils de réfugiés espagnols, Leny Escudero, pourquoi pas ? Parler d'une sociéé capitaliste ou d'une jeunesse révoltée ? Dans le premier cas, Jacques Brel chantait bien, dans l'autre Polnareff ou Charlebois parlaient tout naturellement.
Derrière la timidité de Denise Glaser se cachait un cœur, une voix, une posture, une émotion. Celle d'une grande gamine qui n'avait que dix ans en 1940 et qui avait dû vivre cachée, peut-être. Celle d'une femme meurtrie, sans doute. Qui finit sans bureau et avec des revenus amputés des deux tiers. Qui fut virée de la Maison ronde sans aucune indemnité au début du septennat de Giscard. Deux documentaires en vingt-quatre ans, de même qu’il n’y avait que deux personnalités pour se rendre à ses obsèques au carré israélite du cimetière de Valenciennes : Catherine Baudet, dite Catherine Lara et… Monique Serf, dite Barbara, dont on célébrait presque partout la semaine dernière les dix ans de sa disparition.
F. A.
Discorama signé Glaser
France 3 - 23h00 - stéréo
Documentaire français inédit (74 min.)
Réalisation : Esther Haffenberg.
Denise Glaser, toute mon enfance ! Que de souvenirs, la télé en noir et blanc, mon grand-père passionné par les speakrines, le catch, les premiers pas sur la lune.... Epoque heureuse, pauvre mais heureuse. Bizzzzzzzzzz
Rédigé par : choupanenette | 03/12/2007 à 14h41
Ton grand-père n'avait pas eu, donc, les moyens d'acheter une télé couleur pour le couronnement de Babette II ou ça n'existait que pour le premier pas sur la lune ?
Maintenant, il n'y a que sur le câble et le satellite que l'on trouve des speakerines (ou des présentatrices…)
bises
Rédigé par : Fabien | 03/12/2007 à 16h52
Yes, really. And I have faced it. We can communicate on this theme.
Rédigé par : generic | 03/03/2010 à 18h32