Le caporal-chef Matthieu Mercier et le caporal Ludovic Martin faisaient partie de la première équipe à intervenir vendredi soir sur l'incendie de la rue Riquet (19e). Arrivés très rapidement sur les lieux du sinistre depuis la caserne de la rue de Bitche, ils effectuaient une mission de reconnaissance dans le garage en flammes lorsque la cage d'escalier s'est effondrée. Trois étages de béton se sont abattus sur eux.
« La reconnaissance est un moment très périlleux mais c'est très rare que la structure s'affaisse en début d'intervention », souligne le capitaine Michel Cros, porte-parole de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris. Les deux jeunes pompiers ont péri dans cet accident. Agé de 21 ans, le caporal Ludovic Martin avait intégré le prestigieux corps des sapeurs-pompiers de Paris le 1er mars 2006. La caserne de la rue de Bitche était la première affectation de ce Breton d'origine. Avec déjà près de trois années de service derrière lui, le caporal-chef Matthieu Mercier était chef d'équipe. Célibataires, ils n'avaient pas d'enfant. « C'étaient deux jeunes qui avaient la chance de réaliser leur passion, confie le colonel Jean-Claude Gallet, commandant le premier groupement d'incendie. Souriants, c'étaient deux meneurs qui avaient un bon potentiel. » Hier, une ambiance pesante régnait aux abords de leur caserne. Visages fermés, quelques pompiers faisaient les cent pas devant le bâtiment en remerciant d'un signe de tête les riverains venus déposer des bouquets de fleurs.
« Au-delà de ce qui était humainement possible »
Toute la nuit, les soldats du feu ont lutté pour sauver leurs deux collègues. « Ils sont allés au-delà de ce qui était humainement possible », insiste le colonel Gallet. Très affecté, épuisé par les heures sans sommeil, l'officier a commandé de bout en bout une intervention rendue très complexe par l'effondrement rapide de la cage d'escalier. « Il a fallu faire des choix », détaille-il sobrement. Sa décision est claire : privilégier le sauvetage des deux pompiers ensevelis. « Le feu n'était plus notre priorité car, si on s'attaquait aux flammes, on les aurait poussées vers nos deux collègues. On s'est malgré tout arrangé pour éviter la propagation du feu aux immeubles d'habitation. » Une « course contre la montre » s'engage alors en pleine chaleur, au milieu de la fumée et des explosions. Le contact s'établit rapidement avec le caporal Martin. Pendant toute l'opération de sauvetage, les deux mêmes hommes resteront en permanence à ses côtés pour lui parler et le rassurer. Pendant plus de six heures, les équipes se relaient pour tenter de l'extraire. A l'aide d'une grue mais aussi parfois à mains nues, sans relâche. « Le risque était optimal. Le bâtiment pouvait s'effondrer à tout moment, précise le colonel Gallet. Malgré tout, aucun pompier ne s'est posé de question. Dans ces cas-là, c'est la cohésion qui joue. » Au terme de ce que le colonel qualifie de « corps à corps », les pompiers parviennent à extraire le caporal Martin peu après 2 heures du matin. L'annonce de son décès quatre heures plus tard à l'hôpital Percy fut un choc. A 7h45, le caporal-chef Mercier est à son tour extrait des décombres. Le jeune pompier est mort sur le coup au moment de l'effondrement.
L'enquête se poursuit sur les causes du sinistre même si, selon Michèle Alliot-Marie, l'incendie semble accidentel. Une cérémonie d'hommage sera rapidement rendue aux deux jeunes pompiers morts au feu.
Timothée Boutry et Benoît Hasse, pour Le Parisien, photo Pascal Brunner (BSPP)
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Un communiqué des Pompiers de Paris :
Décès de deux sapeurs-pompiers de Paris 16 rue RIQUET - Paris 19ème arrondissement 16 novembre 2007Aux alentours de 17h15, le 16 novembre 2007, alors qu’ils intervenaient pour un feu de garage dans le 19e arrondissement (secteur du 1er groupement d’incendie), deux militaires du corps ont été victimes d’un effondrement de la structure et sont restés bloqués sous les décombres pendant plusieurs heures avant de pouvoir être dégagés.
Le caporal-chef Matthieu Mercier et le caporal Ludovic Martin effectuaient une mission de reconnaissance au 1er étage du garage lorsque les 5e, 4e et 3e étages de l’édifice se sont abattus sur eux. Il semblerait que cet effondrement soit en partie du à une succession d’explosions.
En moins de deux heures, l’incendie était maîtrisé dans le volume initial et les risques de propagation aux bâtiments d’habitation voisins étaient écartés par les quelques deux cents sapeurs-pompiers de Paris et la soixantaine d’engins envoyés sur place. Parallèlement aux opérations d’extinction, les équipes médicales des ambulances de réanimation, le groupe de recherche et de sauvetage déblaiement (GRSD), le groupe de recherche et d’exploration profonde (GREP) et les équipes de reconnaissance des sapeurs-pompiers du 1er groupement d’incendie renforcés d’unités spécialisées dans le sauvetage déblaiement provenant des services départementaux d’incendie et de secours du Val d’Oise (95) et de Seine et Marne (77) ont œuvré pour extraire leurs deux camarades après les avoir localisés. L’extrême instabilité des structures composées de béton et de tôles enchevêtrés rendait particulièrement difficile l’action des sauveteurs qui craignaient, à chaque instant, un effondrement de l’ensemble de l’édifice et notamment de la façade.
Le caporal Ludovic Martin a été dégagé des décombres dans un état grave vers deux heures du matin le 17 novembre et a aussitôt rejoint l’hôpital d'instruction des armées Percy par hélicoptère. Le décès du caporal-chef Matthieu Mercier a été annoncé vers 3h30 mais il n’a pu être extrait que vers 7h45 . Le caporal Ludovic Martin a malheureusement succombé à ses blessures peu avant 7h du matin à l’hôpital Percy.
Une chapelle ardente a été organisée de 15 à 18heures ce jour à l’institut médico-légale (IML), 2 place Mazas à Paris 12é arrondissement où les deux corps ont été rapatriés. Les renseignements concernant la levée des corps et les hommages et cérémonies à venir vous parviendront sur ce site.
Remerciements
Le personnel de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris vous remercie pour les témoignages de sympathie et de soutien que vous leur faîtes parvenir depuis samedi. De nombreux dons nous parviennent depuis hier. Il est important de préciser que ces dons seront versés aux œuvres sociales des sapeurs-pompiers de Paris.Si vous désirez qu’ils bénéficient aux familles des disparus, veuillez libeller vos chèques à l’ordre de l’ADOSSPP (Association pour le développement des œuvres sociales des sapeurs-pompiers de Paris), et préciser à la main au dos « au profit des sapeurs-pompiers du CS Bitche ».
Nous vous rappelons les coordonnées du Bureau condition du personnel où siège l’ADOSSPP :
89, rue du Docteur Bauer
93582 SAINT-OUEN CEDEXCapitaine Michel CROS Officier presse
Bureau information relations publiques
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