Roger la Baronne faisait du topless à Paris Plages, et alors ?
La Baronne a reçu sa convocation début août. Le parquet lui reproche une « exhibition sexuelle ». Elle ne nie pas les faits dans leur splendide vérité : elle s’est promenée en string cet été à Paris Plages. Mais conteste le délit qui lui est pénalement reproché : « En l’espèce, d’avoir exposé sa poitrine (personne de sexe masculin présentant une poitrine féminine) dans un lieu accessible au regard du public, en l’espèce les berges de la Seine. »
La Baronne, 27 ans, Roger Jourdain pour l’Etat civil, dispose de fait d’une sacrée poitrine (à en juger son site Internet), et ce n’est peut-être pas fini : « Bientôt une nouvelle lipo-structure ! » Sûre de son bon droit, elle soutient : « Soit on est un homme, soit on est une femme. Un procureur doit savoir distinguer une poitrine féminine d’une poitrine masculine. »
« Gérante de société »
Activiste transsexuelle, la Baronne n’a jamais souhaité modifier son état civil. Mais elle est solidaire des transsexuels qui, le 8 octobre, avaient défilé à Paris sous le slogan « Psychiatres partout, hormones nulle part », contre la réglementation qui les oblige à passer devant un psychiatre avant toute demande de changement de sexe – « comme si nous étions des malades mentaux », souligne une militante.
La convocation judiciaire de la Baronne y perd son latin. Le policier qui l’a rédigée mentionne bien : « Il lui est reproché… » Puis s’emmêle sur sa profession : « Gérante de société… » La société en question, c’est un cabaret place Pigalle, fréquenté par quelques politiques. Car la Baronne est militante UMP, en charge des minorités sexuelles au plan départemental. Bernard Debré, prétendant divers droite à la mairie de Paris, ou Sylvain Garrel, chef de file des Verts dans le 18e arrondissement, ont déjà honoré son cabaret de leur présence.
Mais pas Bertrand Delanoë, contre lequel la Baronne vitupère : des associations gays ou lesbiennes bénéficient de subventions municipales, mais rien pour les trans. « Pour un maire de gauche, c’est quand même incroyable ! »
Samedi dernier, la Baronne organisait une soirée de gala en faveur d’une association, en charge de l’accueil des démuni(e)s, « des personnes sans emploi fixe et parfois sans papier conforme à leur apparence, des transgenres obligés de se prostituer ou d’avoir un proxénète pour vivre en appartement, les bailleurs refusant de leur louer. »
Ancêtre
Le mode de poursuite de la Baronne, dit composition pénale, est l’ancêtre du plaider coupable, la loi Guigou de 1999 ayant précédé la loi Perben de 2004 (1). Elle vient de refuser l’amende honorable, exigeant d’être jugée sur la place publique, devant un tribunal correctionnel, mettant le parquet au défi du ridicule : « On verra bien alors si je suis exhibitionniste. »
Renaud Lecadre, pour Libération.
(1) Les deux régimes coexistent encore : la loi Guigou concernant les délits passibles d’une amende, la loi Perben permettant des peines de prison.
A lire : L'interdiction ses strings et seins-nus à Paris-Plages fait débat
Le blogue de l’association La Baronne est ici.
merci beaucoup
Rédigé par : LA BARONNE | 23/11/2007 à 19h10