Deux travailleuses sociales en garde à vue… à 300 km de Paris
Chaque soir, sur la place du Colonel-Fabien (19e arrondissement) et à proximité, apparaissent quelques centaines de personnes principalement originaires d’Afghanistan, d’Iran et d’Irak. Pour France Terre d’Asile, « Elles viennent chercher quelques nourritures de subsistance et un hébergement d’urgence, en attendant pour la plupart de trouver une route qui les amène enfin en Angleterre. C’est comme cela depuis la fermeture de Sangatte en 2002, et particulièrement depuis plus d’un an. »
Dans cette cour des miracles d’un autre siècle, village éphémère quotidien de deux heures, l’action des équipes de France Terre d’Asile, en plein accord avec les services de l’Etat, consiste à repérer les probables mineurs ou personnes en état d’extrême vulnérabilité, à les mettre en urgence à l’abri, à leur donner une information sur le droit d’asile et à les mettre en garde sur les risques du passage vers l’Angleterre.
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Le centre d'accueil de Sangatte a fermé ses portes en 2002, mais la situation des réfugiés ou demandeurs d'asile ne s'est pas améliorée…
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C’est dans ce contexte, indique l’association, soutenue depuis hier par la députée socialiste mosellane Aurélie Filipetti (transfuge des Verts parisiens) que le Parquet de Boulogne-sur-Mer a décidé, le lundi 19 novembre 2007, d’interpeller, au petit matin à Paris, deux intervenantes sociales de FTDA, « comme dans les fictions, pour juguler le crime, il fallait bien une arrestation à domicile, une perquisition et un transfert menotté vers Calais. »
Les deux salariées de l’association ont été libérées après plus de 12 heures de garde à vue pour l’une, 24 heures pour l’autre, à 300 kilomètres de leur domicile… et un jour de grève des transports publics.
« La pénalisation du travail social n’est pas acceptable », estime l’association, qui poursuit : « En vertu de la séparation des pouvoirs, la justice semble vouloir ignorer ce que fait le peu d’Etat social qui reste dans ce pays. Et c’est là où réside le danger. Nous ne croyons pas à la théorie du complot, juste à un climat délétère, où l’intimidation et la peur doivent dissuader quiconque d’aider l’autre, surtout s’il est étranger », estime France Terre d'asile, poursuivant « Les travailleurs sociaux ne sont pas des citoyens au dessus des lois. Mais ils ne peuvent accepter que leur activité professionnelle soit criminalisée et traitée comme telle. Faut-il leur dire au moment de leur embauche de prévenir leur entourage que la police peut débarquer au petit matin, leur apprendre à maîtriser le stress d’un interrogatoire policier en garde à vue ? »
• La réaction (sonore), recueillie par Le Monde interactif de Pierre Henry, directeur général de France Terre d'Asile depuis dix ans est ici.
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