L'Insee et l'Ined s'apprêtent à lancer auprès de 26 000 personnes une vaste enquête intitulée « Trajectoires et origines » qui demandera notamment aux intéressés leur religion et leur couleur de peau, a-t-on appris de sources concordantes.
Cette enquête, émanant des deux organismes d'Etat chargés de la statistique publique a été présentée pour avis le 12 octobre au Conseil national de l'information statistique (Cnis).
Selon Guy Desplanques, chef du département démographie de l'Insee qui co-supervise l'étude, la décision finale de lancer l'enquête appartiendra à une assemblée plénière du Cnis prévu en décembre. Insee et Ined devront alors demander l'autorisation de la Commission nationale informatique et liberté (Cnil) avant de démarrer leurs travaux.
« De quelle couleur de peau vous diriez-vous ? Avez-vous une religion? (en cas d'hésitation, quelle était votre religion quand vous aviez 15 ans ?) Dans votre vie quotidienne, portez-vous en public un vêtement ou un bijou qui peut évoquer votre religion ? », lit-on dans le questionnaire de l'enquête que s'est procuré l'AFP.
L'enquête qui recueillera d'autres données relatives aux ressources, au niveau d'études, à la situation sociale, a pour but d'étudier l'intégration des immigrés et des personnes originaires des Dom-Tom ainsi que la question des discriminations.
Jusqu'à présent, la loi interdit de collecter auprès des personnes, sans leur consentement exprès, des informations qui peuvent faire ressortir leur religion ou leurs origines. Seule l'Insee n'a pas besoin du consentement des enquêtés.
Une disposition du projet de loi Hortefeux sur la maîtrise de l'immigration qui devrait être adoptée mardi va autoriser l'utilisation de statistiques ethniques pour la conduite d'études sur « la mesure de la diversité des origines des personnes, de la discrimination et de l'intégration ».
Samuel Thomas, vice-président de SOS Racisme, a dénoncé vigoureusement cette enquête. « Je refuse qu'une prétendue caution scientifique consolide les stéréotypes racistes qui continuent malheureusement de travailler de l'intérieur la société française », souligne-t-il. « Affirmer combattre les phénomènes discriminatoires à l'aide de marqueurs identitaires est en contradiction avec nos principes républicains et relève du mensonge », affirme-t-il.
L'enquête, dont le coût est évalué à 2,5 millions d'euros, est notamment financée par la Haute autorité de lutte contre les discriminations (Halde) et l'Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances (Acsé).
© AFP- Edicom
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