La Société des réalisateurs de films s’en « étonne »
Alors que, jeudi, le président Sarkozy s’est opposé à l'augmentation de la redevance audiovisuelle (de 2 € en France métropolitaine, un euro Outre-mer), adoptée l’avant-veille par la commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale (c’est du moins ce qu’a déclaré le porte-parole de l'Elysée David Martinon), suivant en cela les déclarations du jeudi de Jean-François Copé (le président de groupe UMP à l’Assemblée nationale avait déclaré que le groupe UMP était « tout à fait défavorable » à cette augmentation), on peut se demander qui a le dernier mot tant à la Chambre des députés (où l’UMP est majoritaire avec 313 sièges sur 577) qu’au Gouvernement. Ou à la présidence de la République…
⇒ l’augmentation du montant de la redevance entrait dans le cadre du projet de loi de finances 2008 et M. Eric Woerth a besoin de sous pour compenser le « paquet fiscal ». Confronté à une fronde syndicale qui s’étend jusqu’aux opéras, il a affirmé mercredi à l’Assemblée nationale que les impôts n’augmenteront pas après les municipales de mars 2008.
⇒ Mme Christine Albanel, lors d’un entretien sur… France 2, n’avait pas exclu une augmentation « à la marge » de la redevance. Et précisé « même à la marge, ça peut représenter quelque chose d'intéressant ». En effet, si l’on table sur dix-huit millions de contribuables (le chiffre qui circule habituellement), cela fait toujours 36 M € de pris, et reste « marginal » (inférieur à 2 % pour une taxe qui n’a pas augmenté depuis 2002, date du passage à l’euro, où elle était même précisément de 116,50 € cette année-là).
En février (avant son élection à la Magistrature suprême), le candidat de l’UMP avait déclaré à Télérama le jour de la Saint-Valentin « je ne suis pas pour l’augmentation de la redevance (…) Je suis favorable à des financements hybrides, avec des partenariats, du mécénat » (à propos de Saint-Valentin, l’hebdomadaire culturel du Groupe La Vie-Le Monde, avait aussi remarqué le 18 octobre dernier que l’annonce officielle du divorce du couple Sarkozy tombait à pic pour masquer les grèves des cheminots aux journaux télés de 20h…).
Mais la redevance audiovisuelle était une taxe parafiscale, comme le faisait remarquer justement le ministre délégué au Budget Alain Lambert en octobre 2002 (voici cinq ans !) et devait donc être supprimée ! Las : au lieu d’être supprimée, elle a vu son statut juridique changer au 1er janvier 2004 pour devenir un impôt d’Etat, comme on peut le lire dans l’Article 37 de cette loi (loi de finances pour 2004, publiée au JO du 31 décembre 2003).
Discrètement, le ministre délégué au budget de l’époque, redevenu sénateur UMP de l’Orne, s’est vu confier par François Fillon le mois dernier une autre mission…
Et voilà que (vendredi) la Société des réalisateurs de films (SRF) s’est étonnée de la non-augmentation de la redevance, dont le montant « est l'un des plus faibles d'Europe » qui « ne permet pas à l'audiovisuel public de bénéficier de ressources suffisantes pour mener à bien ses missions, et notamment le soutien et la diffusion de la création audiovisuelle et cinématographique ».
Donc :
⇒ la redevance étant devenue un impôt d’Etat trois mois avant que M. Sarkozy ne devienne ministre de l’Economie et des Finances,
⇒ le juppéo-sarkozy compatible Eric Woerth promettant que les impôts n’augmenteront pas après les municipales,
⇒ le candidat Sarkozy et président de la République ne voulant pas particulièrement une augmentation de cet impôt,
les téléspectateurs devraient être tranquilles.
Encore faut-il que tous les engagements soient respectés !
Fabien Abitbol, photo Sipa
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