Pour rejoindre l'impasse royal vous prenez l'avenue Jospin et vous continuez tout droit
Royal-Jospin, les jeunes militants disent mes parents divorcent. En effet comment supporter une situation pareille. En 2002, ils collaient pour la première fois des affiches pour une élection elles portaient l’inscription Présider autrement. En bonne mère de tout les jeunes socialistes et aspirant à être la mère de l’humanité Ségolène Royal reprenait le slogan de Jospin à sa manière « la France Présidente » et ce sont les mêmes militants qui ont collé au prix parfois d’années universitaires gâchées.
Mais aujourd’hui entre les deux rien ne va plus le livre regorge de petites phrases que tout socialiste déçu aurait pu écrire. C’est un peu le cas de Jospin comme nous l’explique un jeune militant parisien « Royal ne m’a jamais convaincu mais c’était la candidate du parti ». Jospin rappelle à chaque chapitre qu’il s’est abstenu de tout commentaire durant la campagne. Ce livre prend tout son intérêt car on l’attendait depuis cinq ans. En effet Lionel Jospin revient sur sa défaite de 2002. Il ne l’a pas digérée il en veut encore à Chevènement et Taubira. « chacune des composantes de la majorité plurielle avait voulu faire prospérer son pré carré électoral au premier tour, sans se soucier de savoir si je serais en mesure d’assurer la victoire de l’ensemble ensuite. » (P.11)
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« Le rendez-vous electoral de 2007 est passé. Et j’ai le devoir de dire franchement ce que je pense. »
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Il revient ensuite sur la campagne de Royal hormis le fait qu’elle ait eu de nombreuses « approximations », « propositions surprises », « indignation surjouée », « formules toutes faites », « proclamations volontaristes » et surtout : « pour la première fois dans un tel débat le candidat de la gauche était réellement dominé » (P80-81). Elle a commis plusieurs écueils : « elle a ignoré l’action du gouvernement auquel elle avait appartenu et dont elle connaissait l’état d’esprit et l’action. » (P64).
Jospin est vexé : « Lors de son investiture, je n’ai été ni invité, ni évoqué. J’étais le précèdent candidat, j’avais conduit la gauche à la victoire en 1997, j’avais dirigé pendant cinq ans un gouvernement auquel elle avait appartenu. … pendant le même temps Jean-Pierre Chevènement le premier artisan du 21 avril était ostensiblement affiché dans la campagne » (P44) Ségolène Royal ne veut pas reconnaître ce qu’elle doit à Jospin et pour l’ancien leader du parti socialiste qui se place lui même dans la lignée de Mitterrand c’est inacceptable. « François Mitterrand et moi même avons été les candidats du parti socialiste à l’élection présidentielle après l’avoir grandi et défendu. Nous n’avons pas tenté d’édifier à coté de lui ou contre lui des structures parallèles du type « désirs d’avenir ». Nous nous sommes consacrés à le rendre plus grand et plus fort » ( P29)
Pour Jospin Ségolène Royal n’aurait jamais dû être la candidate du parti socialiste et il ne se reconnaît pas dans sa manière de faire de la politique lui reprochant comme beaucoup son utilisation personnelle du féminisme et sa tendance à la victimisation. Au-delà des blessures narcissiques de Lionel Jospin ce livre est nécessaire car il analyse les trois derniers échecs à des élections présidentielle. En publiant ce livre, Lionel Jospin sait qu’il s’expose à ce qu’on lui rentre dedans sur sa défaite et sur sa désertion. Il prend le droit qu’on lui refuse celui d’analyser et critiquer le chemin qu’il a lui-même initié.
Royal a été désignée pour être sur que la gauche serait présente au second tour. Et ce sur la base des sondages.
Dans l’impasse Jospin commence une autocritique « rétrospectivement devrais-je regretter de ne m’être pas davantage impliqué dans les discussions entre socialistes après 2002 ? »; « ma présence aurait peut être été utile ».
Jospin s’en veut d’avoir abandonné son parti, et il nous livre courageusement ses analyses fort pertinentes sur le cheminement du parti socialiste du boulevard Jospin à l’impasse Royal.
Jeremy Sahel, journaliste à StreetReporters
⇒ Le tout jeune site StreetReporters a fait l’objet d’un sujet diffusé dimanche 29 septembre, sur France 5 dans Revu et corrigé, l’émission présentée par Paul Amar, en remplacement d’Arrêt sur Images, présentée douze ans durant par Daniel Schneidermann, licencié en 2003 du Monde (le quotidien fut condamné pour licenciement abusif, ce qui ne l’empêcha pas, en 2004, de parler de sa conférence à l’Université de tous les savoirs), puis en 2005 de France 5 pour « faute grave ». Après avoir envisagé un exil en Suisse, l’un des fondateurs du Big Bang Blog a décidé de se réfugier sur la Toile.
⇒ L’émission de France 5 du 29 septembre parlait du journalisme citoyen.
⇒ Quant à Daniel Schneidermann, il avait publié chez Fayard en 2000 Les Folies d’Internet, dont il a fait lui-même la présentation ici. Il est désormais Directeur de la publication du site Arrêt sur images.
⇒ Le point de vue de Charles Fiterman sur « L’Impasse » est ici. En 1998, l’ancien ministre communiste avait rejoint les rangs du Parti cocialiste, comme il l’expliquait dans les colonnes de l’Humanité.
⇒ L’Impasse, de Lionel Jospin, Flammarion, 100 pages, prix France 12 €, ISBN : 9782081210011
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