Notre voisin lit des extraits de son livre sur le site de Télérama
Après avoir publié un entretien avec notre voisin de Belleville Daniel Pennac dans son édition du 17 octobre, le magazine culturel du Groupe La vie-Le Monde, Télérama a mis en ligne jeudi une vidéo de 5min30 dans laquelle le cancre devenu enseignant puis écrivain lit quelques pages à haute voix.
Dans son édition du 13 octobre, sous la plume de Philippe Dufay, Le Figaro Madame a publié cette critique enthousiaste :
Pire que la « bravitude », connaissez-vous la « cancritude » ? Ce martyre de l’élève aussi poignant que celui de l’obèse gémi par Béraud. « Vous, Pennacchioni, le BEPC ? Vous ne l’aurez jamais ! » Cette sentence formulée en 1959 par une directrice d’école, Daniel Pennac ne l’a jamais oubliée. Tout comme la boutade d’un père polytechnicien : « Pas de panique, dans vingt-six ans il possédera parfaitement son alphabet. » Oui, l’auteur des « Malaussène » était un cancre. Dix ans de galère scolaire, de solitude, de lazzis et d’incompréhension.
« Il me suffisait de pénétrer dans une classe pour en sortir », résume joliment aujourd’hui l’impétrant. Les choses se gâtent. On le met en pension. Miracle ! S’entrouvrent alors les portes du salut. Il commence à lire et rencontre un Merlin l’Enchanteur en la personne d’un professeur de français qui, en place de dissertations, lui commande un roman à rédiger à raison d’un chapitre par semaine. Métamorphose : le mauvais élève deviendra professeur. Ancien cancre lui-même, Pennac ne peut que les comprendre et les « traiter ». C’est l’autre volet de ce bel essai à l’autobiographie courante, un état des lieux de l’école, une typologie des élèves en difficulté et, humbles, humoristiques mais fermes, quelques jalons pédagogiques glissés à l’oreille des responsables de l’Éducation nationale : hymne à la dictée, la récitation, amour de la grammaire, etc. Précipitez-vous sur le dernier Pennac. C’est encore le temps de la rentrée !
« Chagrin d'école », est paru chez Gallimard le 11 octobre (313 pages, récit, 19 € TTC prix France).
Voilà plus de 35 ans que je n'ai recroisé le chemin de Monsieur PENNACHIONNI, professeur de français au colège Saint-Paul à SOISSONS.
En lisant Chagrin d'Ecole, des odeurs (les salles de classes, la fumée de sa pipe), des cours (les auto corrections, le commentaire d'un tableau impressionniste, le test de l'arbre), sa voix me reviennent à l'esprit.
L'impression aussi d'avoir un professeur en-dehors de la norme. Des moments agréables et difficiles particulièrement pour moi qui était pensionnaire.
Mon père a eu l'occassion de le côtoyer. Il l'a beaucoup apprécié. Si un jour nos chemins se recroisaient ce serait agréable.
Alors,si ce mot et mes coordonnées mail lui parvenenaient et que l'envie lui prenait de reprendre du service avec un de ses plus anciens élèves, une autre page s'écrirait…
Rédigé par : KERR | 10/11/2007 à 16h55
L A F E U I L L E V O LA N T E
La Feuille Volante est une revue littéraire créée en 1980. Elle n’a pas de prix, sa diffusion est gratuite, elle voyage dans la correspondance privée et maintenant sur Internet.
N°304 – Juillet 2008
CHAGRIN D'ECOLE – Daniel PENNAC - Editions Gallimard.
Quand une amie m'a confié ce livre en m'en recommandant la lecture, le titre m'a enthousiasmé. Enfin, me suis-je dit, quelqu'un qui va parler du déplaisir d'être en classe, qui va exprimer tout le désarroi de ces potaches qu'on inscrit, parce que c'est obligatoire, dans une école ou un collège où ils n'ont rien à faire et où ils s'ennuient à longueur d'années scolaires et qu'ils n'aspirent qu'à quitter! Et quand l'amie à ajouté qu'il y était question de la « cancrerie », je ne pouvais qu'être intéressé, parce que, moi-même des chagrins (au pluriel) d'école, j'en ai!
C'est donc avec un évident intérêt que j'ai ouvert le livre parce que, pendant de nombreuses années, j'ai été, moi aussi cet élève du fond de la classe qui collectionnait punitions et mauvaises notes et qui n'était capable de produire que de piètres bulletins de notes que ne rachetaient ni la gymnastique ni la musique. Enfin, me suis-je dit, quelqu'un qui ne va pas me faire rougir de mes authentiques quartiers de « cancritude ». C'est que j'en ai traîné pendant de si nombreuses années de ces pâtés sur mes cahiers d'écolier, de ces doigts éclaboussés d'encre, de ces annotations peu flatteuses et à l'encre rouge en marge de mes copies, de ces punitions pour un devoir mal fait...! Quelqu'un qui n'a pas honte de commencer ses phrases par « Donc, j'étais un mauvais élève », quelqu'un qui ose donner dans quelque chose qui ressemble à la solidarité des cancres, qui me rappelle Prévert et ses élèves dissipés qui préféraient la fenêtre ouverte au tableau noir. Quelqu'un qui dissèque avec bonheur celui que des générations de professeurs ont sciemment délaissé, l'abandonnant à son ignorance à son absence d'avenir, dénonçant quand même ces petites avanies, ces vengeances, ces flagorneries, ces coupables compromissions aussi mais également sa solitude, sa honte secrète. Alors après des années des bahut largement agrémentées de colles, de renvois au point que le département est soudain trop petit, on se décourage et face à l'échec irrécupérable, à ce naufrage qu'on pense définitif on se met à songer à l'armée [engagez-vous qu'ils disaient!], à un meilleur établissement, on trouve des excuses et parmi elles l'inévitable complot des professeurs... et du désespoir des parents. Enfin quelqu'un qui ose parler d'autre chose que de la réussite sociale, financière, personnelle dont les médias se font si souvent l'écho, bref de ceux qui ont réussi et qui laissent complaisamment parler d'eux, de leurs diplômes, de leurs titres, de leurs décorations...
Je me suis vite aperçu que l'auteur, également professeur, parle aussi, longuement et parfois sans complaisance, de son vécu professionnel, des élèves qu'il a eus, de l'expérience qu'il a bien dû, lui aussi, répéter dans sa classe, quand, du pupitre du potache il est passé à l'estrade de l'enseignant. Et lui de connaître à son tour les affres des cours bâclés ou des paroles prononcées devant une assemblée d'élèves dont l'apathie n'a d'égal que leur intérêt pour la fuite du temps et dont l'aspiration va plutôt vers les distractions du week-end à venir que vers Voltaire ou Diderot!
Voilà qu'il se met à parler de la classe, de la technique, de la maîtrise de ses élèves, de l'ambiance délétère qu'on rencontre parfois dans les classes... Puis viennent les considérations sur l'école, les programmes qui évoluent, les temps qui changent, les grandes idées qui restent, l'échec et sa permanence, le niveau qui baisse et les bases qui manquent, la société qui change...
Et voilà que le prof reprend le dessus sur l'écrivain et surtout sur l'ancien cancre, fait sa leçon de grammaire, décortique le texte et son vocabulaire, en profite pour glisser des aphorismes et des remises en cause sur le corps enseignant lui-même, parle de sa méthode personnelle pour amener les plus réticents à s'intéresser à l'école. Puis vient l'inévitable apprentissage « par coeur », ses mérites et ses faiblesses, débat depuis longtemps mené et jamais convainquant! Le lecteur entend parler non plus du cancre que fut l'auteur, mais du professeur-écrivain qui a réussi et qui est parvenu à s'extraire de sa condition de cancre, grâce, dit-il, à la maturité et à quelques maîtres plus charismatiques ou pédagogues que les autres!
Franchement, il m'a semblé qu'on était loin du sujet, loin en tout cas de ce qui avait motivé mon appétit de lecture.
Rédigé par : GAUTIER | 09/07/2008 à 17h22
Merci pour cette découverte de La Feuille volante
Rédigé par : Fabien | 09/07/2008 à 21h54