…et affirme son soutien à la création d’une salle symphonique dans l’Est parisien
Il avait lancé le débat le 26 juin lors d'un discours à l'aéroport de Roissy, il l'a rappelé encore hier en inaugurant la Cité de l'architecture et du patrimoine : Nicolas Sarkozy entend bien voir se réaliser le Grand Paris. Dans un discours sur l'architecture en France, Nicolas Sarkozy a annoncé la création d'un groupe de travail d'architectes chargé de faire des propositions pour ce Grand Paris (voir ci-dessous). « Il n'y a pas d'un côté les élus de la capitale et de l'autre les élus de la périphérie. C'est la même région, le même espace », a martelé le chef de l'Etat, qui s'est montré déterminé : « S'ils n'arrivent pas à se parler, des initiatives doivent être prises pour que cette discussion ait lieu. » Le message est clair : si les élus franciliens, de tout bord, ne se mettent pas rapidement autour de la table, c'est l'Etat qui réglera ce projet de Grand Paris.
Même Jean-Paul Huchon s'est laissé convaincre
Beaucoup d'élus de gauche de la région avaient interprété les premières déclarations du chef de l'Etat sur le Grand Paris comme une « déclaration de guerre », une façon de « reprendre la main sur l'Ile-de-France » passée à gauche en 1998. A la suite de ces annonces, des fidèles du chef de l'Etat, comme le président du groupe UMP à la région, Roger Karoutchi, ont repris le flambeau, annonçant le dépôt d'un projet de loi sur le Grand Paris. Mais un consensus pourrait être trouvé plus rapidement que prévu. Longtemps hostile au Grand Paris, craignant de voir cette structure se constituer au détriment de la grande banlieue et dévitaliser sa fonction de président de région, Jean-Paul Huchon est désormais moins catégorique. Lors d'une réunion devant les élus socialistes du conseil régional mardi, il a accepté d'étudier le projet de Grand Paris, « au cas par cas, sujet par sujet, à condition que la région soit pleinement associée ». Il devrait développer cette position jeudi lors de sa conférence de rentrée. Certains élus socialistes de grande banlieue ne cachent pas leur inquiétude : « Jean-Paul Huchon a cédé une fois de plus au poids écrasant de Paris et à Bertrand Delanoë qui veut le Grand Paris et marche main dans la main avec Sarkozy à ce sujet », regrette un élu de l'Essonne. Mardi prochain, c'est le maire PS de Paris, Bertrand Delanoë, qui viendra s'expliquer sur sa vision du Grand Paris devant les élus socialistes de la région.
© Sébastien Ramnoux, pour Le Parisien
⇒ Dix architectes plancheront sur ce projet
Nicolas Sarkozy, défenseur de la banlieue ? « L'architecture a pour vocation d'humaniser des banlieues et des cités trop longtemps laissées à l'abandon » a en tout cas lancé hier le chef de l'Etat, avant de proposer la création d'un pôle d'étude sur l'évolution urbaine du Grand Paris dans les vingt à quarante années à venir. Ce pôle sera composé de « huit à dix agences d'architectes, choisies pour moitié parmi des agences françaises, et pour l'autre parmi des agences étrangères ». Pour Nicolas Sarkozy, ce groupe d'étude devra « réparer les erreurs commises dans le passé, en veillant à créer de vraies villes dans nos banlieues ».
« Nous devons aussi les intégrer davantage à la capitale par des moyens de communication adaptés. Il n'y a pas les élus de la capitale d'un côté et les élus de la périphérie, c'est la même région, le même espace », insiste le président de la République. Nicolas Sarkozy souhaite notamment que certains logements sociaux, comme la cité-parc des Courtillières à Pantin, soient traités comme du patrimoine architectural à conserver. « Ce n'est pas parce qu'on n'a pas les moyens d'habiter dans un immeuble haussmannien qu'on doit forcément habiter dans quelque chose dont on n'a pas pris soin de penser la forme. »
S.R.
⇒ « Cela fait des années que nos villes se dégradent »
• Que pensez-vous des déclarations du président de la République ?
• Jean Nouvel. Nous avons assisté à un grand discours. Je suis très impressionné : Nicolas Sarkozy a remis l'architecture au centre de la politique, cela fait longtemps qu'on attendait ça. Il a fait des propositions concrètes, intelligentes comme la remise en cause de l'anonymat des grands concours internationaux d'architectes, qui est une grande hypocrisie aujourd'hui.
• Participerez-vous au groupe d'étude sur le Grand Paris ?
• Peut-être. En tout cas, c'est une vision très importante : cela fait des années que le paysage de nos villes se dégrade, notamment dans la banlieue parisienne. C'est vraiment un projet d'avenir très fort.
• Le président a réaffirmé son soutien à votre projet de Philharmonie, la grande salle symphonique prévue dans l'est de Paris ?
• Je n'étais pas inquiet. Cela veut dire que l'Etat a l'intention de respecter sa parole et de mener à bien ce projet.
Propos recueillis par S.R.
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