A La Poste, la grève du lundi n'en finit pas
Les clients de certains bureaux de poste parisiens vont à nouveau devoir s'armer de patience aujourd'hui. Le mouvement de grève du lundi, que SUD-PTT organise depuis le 23 avril dernier (depuis le 16 avril et au début avec d’autres syndicats, selon ce tract, note du ouaibemaître), semble en effet loin de s'essouffler. Chaque début de semaine, les guichetiers de différents bureaux cessent le travail à tour de rôle pour protester contre les « dérives commerciales » de leur entreprise.
Les habitants du sud du 19e arrondissement en ont fait l'expérience lundi dernier. Au bureau de la place des Fêtes, très calme en ce début d'après-midi, un écriteau barre partiellement l'entrée : « Suite à un conflit social, aucune opération possible. Uniquement retrait des lettres et des colis. » Les clients se succèdent, lisent puis se dirigent d'un pas hésitant vers la machine à affranchir ou bien repartent, renfrognés.
« Ils auraient pu prévenir ! lance un quadragénaire mécontent. Je ne sais même pas où aller, je vais devoir attendre demain pour envoyer mon colis. »
Impossible, de fait, de savoir quel autre bureau assure tous les services : la grève suivie par le personnel d'exécution des bureaux - c'est-à-dire les guichetiers, les agents chargés de la caisse et de la comptabilité, mais pas l'encadrement ni les facteurs - est tournante. Elle touche donc un bureau de la capitale après l'autre ; surtout dans le quart nord-est de Paris, plus rarement dans les autres arrondissements.
« Pas de plaintes de la clientèle », selon la direction
Les clients pressés qui, ce jour-là, ont remonté la rue de Belleville pour tenter leur chance aux Tourelles, près de la porte des Lilas, se sont cassé le nez. Dans le bureau désert, même la machine et la photocopieuse étaient en panne. Ceux qui sont partis vers le sud, jusqu'au bureau Simon-Bolivar, rue Clavel, auront eu plus de chance, à condition de ne pas demander certaines opérations financières. La direction de la Poste, qui affirme ne pas être au courant des perturbations rencontrées, minimise la portée du mouvement : « Lundi dernier, nous avons recensé 105 grévistes sur les 3 462 personnes qui travaillent dans nos 190 bureaux de poste à Paris. Cela représente 3 % des effectifs. Et nous n'avons pas eu de plaintes de la clientèle. »
SUD-PTT avance pour sa part 20 % de grévistes parmi le personnel d'exécution en poste (hors congés, maladies, etc.). Lundi dernier, le syndicat a recensé plus de 55 bureaux perturbés, à des degrés variables : absences de guichetiers, fermetures entre midi et 14 heures, services réduits... « Depuis avril, 85 % des bureaux parisiens ont été touchés au moins un lundi », assure Stéphane Charnacé, membre du secrétariat de SUD-Syndicats des services postaux parisiens. Et SUD-PTT n'est pas prêt à lâcher. « A la Poste, la situation du personnel se dégrade, maintient le syndicaliste. Nos revendications tournent donc autour de trois axes : la préservation des emplois, l'arrêt des pressions commerciales sur les agents et une prime de vie chère de 150 € par mois dans la capitale. » La CGT n'a pas suivi SUD-PTT dans cette grève. Mais le syndicat, majoritaire dans l'entreprise, se met déjà en ordre de bataille pour « lancer un mouvement d'ensemble de tous les postiers en septembre ». Avis de perturbations à la rentrée !
© Christine Taconnet, pour Le Parisien
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