Vingt-neuf personnes mises en examen
Après neuf mois d’enquête, la brigade des stupéfiants vient de mettre un terme à un trafic de Subutex qui était en place depuis l’été dernier et dont le préjudice est estimé à quatre millions d’euros. Selon la police, la vente illégale de ce médicament (un substitut à l’héroïne) aurait connu une forte augmentation depuis août 2006, date de la mise en place de la couverture maladie universelle (CMU) et de l’aide médicale d’Etat (Ame). C’est l’arrestation d’un homme en possession de 32 ordonnances de Subutex faites par un même médecin, basé rue Saint-Maur (11e), qui a permis à la police de démanteler ce trafic. Dix médecins, quatorze pharmaciens et cinq trafiquants tunisiens viennent d’être mis en examen.
L’appât du gain
Les professionnels de la santé mis en cause, qui exerçaient dans les 2e, 10e et 11e arrondissements mais aussi dans le Val-de-Marne et en Seine-Saint-Denis, s’étaient lancés dans le trafic pour arrondir leurs fins de mois. Selon la police, « un des médecins incriminés réalisait 75 % de son chiffre d’affaires et une pharmacie parisienne 50 % du sien en délivrant ces ordonnances ». « Les médecins faisaient payer aux trafiquants 20 € l’ordonnance rédigée et se faisaient rembourser ensuite par la Caisse primaire d’assurance maladie. Même sans le remboursement par l’Assurance maladie, les 20 € étaient empochés pour trois lignes de texte sur un papier », indique-t-on à la brigade des stupéfiants.
Les dealers tunisiens, eux, vendaient jusqu’à 10 € le comprimé de Subutex à Paris et jusqu’à 70 € dans les pays de l’Est. Une boîte de sept comprimés est vendue 22 € en pharmacie.
Les trafiquants recherchés
L’enquête se poursuit et la police devrait procéder dans les prochains jours à de nouvelles interpellations. Les dix médecins et les quatorze pharmaciens seront sanctionnés pour trafic de stupéfiants, escroquerie à la Caisse nationale d’assurance maladie et mise en danger de la vie d’autrui. Les cinq Tunisiens seront jugés pour trafic de stupéfiants.
© Aurélie Sarrot, à Paris, pour Metrofrance.com
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