Shoah : « Nous ne devons pas oublier »
A deux jours de la commémoration de la rafle du Vél d'Hiv, Nicolas Sarkozy, accompagné de Simone Veil, a visité hier à Paris le mémorial consacré à la déportation des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
Sur ce plan-là, il n'y a pas de rupture. A deux jours du 65e anniversaire de la rafle du Vél d'Hiv, célébré dimanche, Nicolas Sarkozy, qui visitait hier le Mémorial de la Shoah, à Paris (4e), a approuvé son prédécesseur, Jacques Chirac. En juillet 1995, celui-ci avait été le premier président de la République à reconnaître la responsabilité de l'Etat français dans la déportation des Juifs.
17 juillet 1942, la rafle du Vél d'Hiv. Les cars "de la section spéciale" garés le long du Vélodrome d'Hiver. (Anonyme, ©Bibliothèque historique de la ville de Paris/Keystone).
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« Il a dit ce qu'il fallait dire, estime Sarkozy. Il n'y a rien à retrancher et rien à rajouter au très beau discours qu'il avait fait. » Peu après 17 heures, hier, le chef de l'Etat, accompagné notamment de Simone Veil et de Serge Klarsfeld, s'est donc rendu dans ce centre de documentation sur la déportation et l'extermination des Juifs situé dans le quartier du Marais. Il remonte d'abord lentement l'allée des Justes où sur un mur ont été gravés les noms de ceux qui, au péril de leur vie, ont sauvé des Juifs. « C'est très bien d'être venu, lui lance une passante, debout sur le trottoir. Bravo. Et surtout, continuez... » Le chef de l'Etat la remercie d'un geste de la main, puis entre dans le Mémorial, guidé par son directeur, Jacques Fredj. « Le président de la République fait un geste fort en visitant le Mémorial et en montrant que cette histoire doit être enseignée et que l'on doit s'en souvenir », se réjouit-il.
Simone Veil a les larmes aux yeux
Sarkozy passe dans les différentes salles, où sont exposés de très nombreux documents sur la montée du nazisme, la politique de collaboration active de Vichy, les camps d'extermination. Il entre dans un couloir sombre, seulement éclairé par des écrans de télévision montrant une rescapée qui livre son témoignage. Dans la salle suivante, les portraits de 2 500 enfants déportés entre 1942 et 1944 tapissent les murs blancs. Des photos qui pour la plupart ont été retrouvées par Serge Klarsfeld. Le chef de l'Etat descend ensuite dans la crypte. Sarkozy et Simone Veil, dont les yeux sont embués de larmes, déposent une gerbe tricolore devant le monument, une étoile de David en marbre noir qui symbolise les 6 millions de Juifs morts sans sépulture. Au fond de la salle, une formule biblique est gravée en hébreu : « Regardez et voyez s'il est douleur pareille à ma douleur ; jeunes et vieux, nos filles et nos fils fauchés par le glaive. » A la sortie, le président s'attarde devant le mur où figurent cette fois les noms des 76 000 Juifs (dont 11 000 enfants) déportés de France. Seuls 2 500 reviendront des camps. « Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas oublier », insiste Sarkozy.
© Didier Micoine, Le Parisien du 21 juillet
Notes :
• La commémoration de la rafle du Vel d’Hiv n’a lieu le 16 ou le 17 juillet que si l’un de ces jours tombe un dimanche. Sinon, elle est reportée au dimanche suivant le 17 juillet. Pour Paris, elle aura donc lieu demain dimanche à 11 heures dans le 15e arrondissement et devrait être présidée par le Premier ministre, dont l’allocution est attendue pour 12h10, à ce qu’indique l’agenda de M. Fillon (qui précise que le Premier ministre arrive à 10h55 et dépose une gerbe à 11h20).
• Pour mémoire, le 16 juillet 1995, le président Jacques Chirac, rompant avec la position du général de Gaulle et de ses successeurs, reconnaissait la responsabilité de l'Etat français, et pas uniquement celle du régime de Vichy dans les déportations : « La France, patrie des lumières et des droits de l'Homme, terre d'accueil et d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable ».
• A Drancy, la commémoration a eu lieu le 16.
• A Paris, les époux Klarsfeld se sont vu remettre la grande médaille de vermeil de la Ville de Paris par M. Delanoë le 16, jour de réunion du Conseil.
• Dans l’agenda du maire de Paris ne figure pas le 16 juillet comme date de commémoration, contrairement à ce que pouvait le laisser entendre le député Devedjian (même à Vichy c’est demain…). En revanche, M. Delanoë est annoncé à la cérémonie de ce dimanche.
• Sur le site du Forum des images, on trouve de nombreux liens et documentaires sur la question. Comme par exemple « Belleville-Drancy par Grenelle », de Anne Quesemand.
• L’Est parisien était particulièrement visé par les rafles du 16 et 17 juillet 1942, car la Circulaire n° 173-42 datée du 13 juillet 42 et signée du « directeur de la police municipale Hennequin » prévoyait « De plus, de 6 heures à 18 heures, les 16 et 17 juillet, un motocycliste sera mis à la disposition de chacun des 9e, 10e, 11e, 18e, 19e et 20e arrondissements. »
F. A.
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