Le projet de service minimum voulu par le président de la République dans les transports terrestres, continue de soulever interrogations et dissonances au sein même du gouvernement. Dans un entretien publié par Le Monde, Henri Guaino, porte-plume de Nicolas Sarkozy pendant la campagne électorale, s'est déclaré opposé à un tel service à l'école. Des propos qui tranchent avec ceux du Premier ministre ?
Serait-ce le premier couac sérieux de la présidence Sarkozy ? Les réformes au pas de charge voulues par le chef de l'Etat semblent se heurter à l'épineux problème du droit de grève. Très soucieux des acquis sociaux, les syndicats ont fait comprendre au gouvernement qu'ils négocieraient de pied ferme. Déjà bousculé par le projet de réforme des universités, le gouvernement l'est encore plus sur la délicate question du service minimum.
L'incertitude semble en effet de mise quant à l'application du service minimum. Si le Premier ministre François Fillon s'est exprimé pour un « maximum de minimum », les violons ne semblent pas accordés sur le même "la" et Henri Guaino fait concurrence au premier d'entre eux. Dans un entretien accordé au quotidien Le Monde daté de Dimanche Lundi, Henri Guaino, conseiller spécial de l'Elysée, affirme que l'application d'un service minimum à l'école est exclue.
« Aucune hypocrisie »
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Henri Guaino, conseiller spécial du président de la République, Nicolas Sarkozy.
Photo © Grégoire Elodie/Gamma-/HACHETTE PHOTOS PRESSE
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« Ce à quoi il faudra réfléchir, c'est à l'obligation d'accueillir les enfants même les jours de grève dans le primaire. Mais nous n'en sommes pas là », a expliqué Henri Guaino. Mais comment accueillir les enfants sans un service minimum ? Par la création d'emplois idoines ou la mobilisation de personnel compétent au moment voulu, à l'instar de ce qui existe déjà dans le métro parisien les jours de grève pour assurer le trafic ? Celui qui fut la plume de Nicolas Sarkozy durant la campagne présidentielle a rejeté toute hypocrisie quant au projet de loi sur le service minimum adopté par le Sénat, vendredi. Guaino plaide pour une utilisation raisonnée du droit de grève et par conséquent de la notion de service minimum.
Droit fondamental, la grève ne doit cependant pas avoir pour conséquence « la prise en otage des usagers ». « C'est ce que nous avons voulu faire avec cette loi qui est une loi de responsabilité qui fait confiance à la négociation au cas par cas pour trouver le bon équilibre. Il n'y a aucune hypocrisie là-dedans », a conclu Henri Guaino qui se veut le gardien des promesses électorales du candidat Sarkozy.
Les Français pour un service minimum à l'école ?
Des propos à mettre en parallèle avec un sondage CSA publié par Le Parisien samedi selon lequel 69 % des Français sont favorables au service minimum à l'école. Le projet de loi sur le « dialogue social et la continuité du service public dans les transports publics terrestres » - qui devrait être mise en application à partir du 1er janvier 2008 - déjà adopté par le Sénat et étudié par l'Assemblée à compter du 30 juillet, ouvre la porte à une extension du champ d'application du service minimum à d'autres secteurs. Et dans le milieu enseignant et syndical les interrogations grandissent.
Si Henri Guaino, Xavier Bertrand, le ministre du Travail, ainsi que David Martinon, le porte-parole de l'Elysée tirent dans le même sens en excluant, pour l'instant, une application du service minimum dans l'Education nationale, François Fillon a rappelé qu'une extension était possible au regard de la réussite du projet appliqué aux transports terrestres. « Cacophonie gouvernementale », « provocation » du chef de l'Etat comme le dénoncent l'opposition, ou prémices d'une extension savamment orchestrée sous couvert de débat à l'intérieur même du gouvernement ?
© Jérôme Guillas, pour le Journal du Dimanche
A lire :
• L’éditorial de Jacques Espérandieu : Minimum ? Dans le JDD de ce jour
• Cacophonie au gouvernement et Fillon pour un max de minimum, par Ivan Porspoder
A visionner : un entretien avec Henri Guaino lorsqu’il a rejoint l’équipe de campagne de Nicolas Sarkozy.
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