Tu coupes ou tu floutes ?
« Mystère », la saga estivale de TF1, avait déjà sorti la carte du surnaturel, à la «X-Files» (avec la disparition inexpliquée de la mère de l’héroïne, et surtout, des agroglyphes, ces dessins géométriques tracés dans les champs, que l’on dit crées par des extra-terrestres).
Mercredi 11 juillet, la série a dégainé une autre ficelle, autrement plus lourde : les téléspectateurs médusés ont pu assister à une scène de torture. Enfin, pas vraiment. Ils ont assisté à une presque scène de torture. Mais au moment où un « docteur » s’apprête à filer « une dose » de produit chimique susceptible de faire parler le suspect (« je veux savoir ce qu’il sait », ordonne le capitaine), l’héroïne fait barrage de son corps pour empêcher cette sauvagerie. La morale est sauve, les yeux du grand public préservés.
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La torture dans « Mystère », la saga estivale de TF1 (D.R.)
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L'adaptation française des séries américaines pose problème
Voir des personnages grimacer sous la douleur peut éveiller l’intérêt des spectateurs, mais la loi ne permet pas aux chaînes de télévision françaises de diffuser de violence sans signalétique particulière. Quand des séries américaines comme « Lost » ou « 24h » débarquent sur TF1, les scènes de torture sont tout bonnement supprimées.
« Si on ne respecte pas la loi, on encourt le pénal, justifie Laurent Storch, directeur des acquisitions de la Une [Le même personnage, voici trois ans, avait pourtant coupé Hitler, note du ouaibemaître]. Il est interdit de montrer une scène où la torture est justifiée et/ou sublimée. C’est-à-dire où elle sert par exemple à quelque chose, comme libérer des enfants. Alors oui, on coupe lesdites scènes, les productions étrangères sont au courant. »
Certains crieront à la censure, d’autres fustigeront les « trop bons sentiments » des séries ainsi remaniées, d’autres encore s’amuseront à repérer quelles séquences ont été sucrées entre la série originelle et l’épisode tel qu’il est diffusé en France. Laurent Storch s’en amuse car il n’y a pas que pour la violence que les chaînes sont obligées de ruser. « On ne peut non plus montrer à l’écran de tabac, d’alcool ou des marques. A la limite, si on ne coupait pas les scènes, il faudrait les flouter. On l’a fait à une époque pour cacher les logos sur les tee-shirt des personnages d’Alerte à Malibu. Mais les gens pensaient que leur télé était déglinguée, et ils n’arrêtaient pas d’appeler notre standard téléphonique. »
© Alice Antheaume, 20 Minutes
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