Nicolas Sarkozy a besoin d’une Assemblée bleu UMP pour faire passer ses réformes. Le vote à gauche l’empêchera d’avoir les mains libres.
« Parce que les changements seront forts, j’ai besoin d’une large majorité », expliquait, il y a quelques jours, le chef de l’État. Mais de quels changements parle Nicolas Sarkozy ? Le premier ministre, François Fillon, en a dévoilé un nouveau en affirmant lundi soir, à Nancy, qu’il voulait « ouvrir le chantier de la TVA sociale ». Le mécanisme dit de « TVA sociale » consiste à basculer une partie du financement de la Sécurité sociale vers les ménages, par une baisse des cotisations patronales et une hausse de la taxe sur la valeur ajoutée. Il s’agit donc de dégager le patronat du financement de la Sécurité social et de compenser cette exonération en augmentant l’impôt le plus injuste qui soit : payée par tous, plus les revenus sont bas, plus la TVA pèse lourd.
Taxe Injuste
Partisan de longue date de cette réforme, l’ancien ministre de l’Économie Jean Arthuis estimait, hier, que « la réforme doit être générale et non pas sectorielle » et qu’« elle doit également être forte ». Il préconise une augmentation de 5 points de la TVA. Injuste, pénalisante pour la consommation des ménages et donc pour l’emploi, cette mesure serait également gravissime pour la Sécurité sociale. Qui garantit que le produit de la TVA dite « sociale », intégré dans les recettes générales de l’État, ira dans son intégralité au financement de la protection sociale ? Qui garantit qu’il ne servira pas à combler le manque de recettes qui résultent des cadeaux fiscaux annoncés par le chef de l’État en faveur des plus fortunés ? Face à cette réforme, qui défendra le principe de solidarité pour assurer une protection sociale de haut niveau s’il n’y a pas de nombreux députés de gauche, qui proposera une juste réforme du financement de la Sécurité sociale s’il n’y a pas un groupe communiste ?
C’est pourquoi une Assemblée nationale trop uniformément bleue doit inquiéter. À cette inquiétude, Alain Juppé, le numéro deux du gouvernement, répondait, au soir du premier tour, que « plus une majorité est large, plus elle est diverse, plus il existe en son sein de forces ». Poussé à l’absurde, le raisonnement ferait d’une assemblée monocolore la garantie de la diversité et de la pluralité.
Parlement bétonné
C’est ce chemin que tente d’imposer l’UMP. Pour Patrick Devedjian, le résultat des élections législatives n’est pas une vague bleue, « c’est une vague mêlée de toutes les forces de notre pays qui veulent profondément le changement et qui se rassemblent sur le projet du président de la République ». Et le secrétaire général délégué du parti sarkozyste précise qu’il « souhaite que l’UMP soit représentative de la diversité de la société française dans sa composition et ses territoires ». L’« ouverture » dont se réclame le président de la République se borne au débauchage de quelques personnalités. Nicolas Sarkozy a surtout besoin d’un Parlement bétonné UMP pour faire passer des mesures dont les conséquences seront une baisse du pouvoir d’achat, une relance du chômage et une attaque contre la Sécurité sociale. Ce ne sont pas les engagements sur lesquels le président de la République a rassemblé une majorité d’électeurs.
© Olivier Mayer, L’Humanité du 13 juin 2007.
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