Jacques Chirac n’est plus président. Mais, il fait encore comme s’il était chef de l’Etat. Il ne veut pas déférer à la convocation des juges d’Huy et Pons en charge de l’affaire Clearstream au prétexte qu’il s’agirait d’étudier « des faits accomplis ou connus durant son mandat » à l’Elysée. Certes, il a la Constitution pour lui. Mais l’esquive chiraquienne ne vise pas le cœur du dossier Clearstream. Sur ce plan, les juges ne pouvaient pas l’inquiéter. Ils n’avaient aucun élément tangible pour l’impliquer comme responsable de la machination anti-Sarkozy. Certes, le Général Rondot soutient qu’il a été amené à enquêter sur les faux-listings à la demande de Chirac. Mais Dominique de Villepin l’a nié sur procès-verbal. C’est donc parole contre parole, un petit jeu qui ne pouvait aboutir à la mise en examen de l’ex-président de la République.
En réalité, Jacques Chirac ne veut pas être confronté aux juges d’Huy et Pons pour ne pas être amené à s’expliquer sur un épisode annexe du dossier, beaucoup plus gênant pour lui : l’existence éventuelle d’un compte bancaire occulte à son nom au Japon. Les magistrats comptaient en effet l’interroger sur des notes inédites du général Rondot, évoquant ce compte. Le Nouvel Obs, dans sa livraison de demain (27 juin, note du ouaibemaître), révèle pour la première fois la teneur d’une note du Général Rondot, daté du 8 novembre 2001, relatant une rencontre avec le général Champtiaux, alors numéro deux de la DGSE. Dans ce document, récemment versé au dossier judiciaire, Rondot note : « Enquête au Japon : le compte de JC existe bien, il est alimenté ».
Ainsi donc, l’un des plus hauts responsables des services secrets accrédite-t-il, la thèse de l’existence d’un compte occulte de Jacques Chirac au Japon. On comprend bien que l’ex-président n’a pas vraiment envie de répondre à des questions sur le sujet dans le cabinet des juges d’instruction.
© Olivier Toscer, enquêteur au Nouvel Observateur
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