DES PISCINES ouvertes jusqu'à minuit, des jardins jusqu'à la nuit tombée, des crèches jusqu'à 22 h 30... Amorcé par l'équipe de Delanoë en 2001 pour adapter les horaires des équipements municipaux à ceux, élastiques, des Parisiens, le travail du bureau des temps commence à se faire sentir. Mais pour l' ouverture des bibliothèques le dimanche, ça bloque.
Annoncée fin octobre, cette mesure qui ne concerne pourtant pour l'heure que les deux nouvelles médiathèques-bibliothèques Marguerite-Yourcenar (15e) et François-Truffaut (1er) qui doivent ouvrir fin 2007, provoque la colère des agents. Aujourd'hui, pour la deuxième fois en six mois, une intersyndicale (CFTC - CGT - FO - Supap FSU - UNSA) appelle à la grève générale et à un rassemblement devant l'Hôtel de Ville pour protester contre ce projet d'ouverture dominicale. Seule la CFDT ne se joint pas au mouvement (elle avait pourtant, en 2006, fait partie de l'intersyndicale pour la petite enfance, NDLR). Difficile de savoir exactement combien d'établissements -et lesquels- seront fermés. « En tout cas la dernière fois, le 16 décembre, 75 % des bibliothèques n'ont pas ouvert de la journée », précise Bertrand Pieri du syndicat Supap FSU. « Le but est d'abord de boycotter une réunion de la direction des affaires culturelles qui a lieu ce jeudi sur ce thème, explique le syndicaliste. Nous voulons aussi alerter les élus. Car la délibération sur l'ouverture le dimanche doit être votée mi-juillet au Conseil de Paris. »
Manque de personnel
Et les motifs de cette grève ne manquent pas. Il y a d'abord le manque de personnel. « Pour assurer ces ouvertures, la Ville compte embaucher des étudiants à temps partiel, poursuit Bertrand Pieri. Une solution plus que précaire. » Il y a ensuite une remise en cause de l'utilité même de cette ouverture du dimanche. « Nous n'avons même pas pu en discuter avec la Ville, proteste un autre agent municipal. Y a-t-il une vraie demande de la population ? Les gens viendront-ils vraiment ? Ne vaudrait-il mieux pas ouvrir plus longtemps dans la journée, mais pendant la semaine ? » Première adjointe au maire de Paris et chargée du dossier du bureau des temps, Anne Hidalgo affirme connaître les réponses à ces questions. « Je suis tous les jours sur le terrain et la demande est réelle. Dans toute la France, les services publics élargissent leurs horaires. Pourquoi ne pourrions-nous pas le faire à Paris ? » Et au-delà de la question de l'adaptation des horaires à la vie réelle des habitants, ce sont des justifications politiques que met en avant la municipalité. « Nous sommes une mairie de gauche, martèle Anne Hidalgo. Nous voulons rendre la culture accessible au plus grand nombre (tout comme les promesses de Nicolas Sarkozy dans son programme de campagne, NDLR). Donc permettre à des gens qui ne peuvent pas se payer le cinéma le week-end, de se cultiver malgré tout. » Un argument qui ne convainc toujours pas les syndicats, qui réclament, eux, la gratuité dans les médiathèques qui ne sont accessibles que sur abonnement. Mais pas le dimanche.
Violette Lazard, pour Le Parisien du jeudi 31 mai
Bibliothèque François-Truffaut (photo Ville de Paris)
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