François Fillon met le cap sur les législatives. Le Premier ministre, lui-même candidat dans la Sarthe, a expliqué vendredi soir lors de sa première intervention télévisée depuis sa nomination que sa priorité immédiate était de gagner les élections des 10 et 17 juin.
« La première de mes priorités, c'est de gagner la bataille des législatives. Si nous n'avons pas de majorité à l'Assemblée nationale, nous ne pouvons rien faire des engagements que le président de la République a pris », a expliqué sur TF1 M. Fillon quelques heures après la formation de son gouvernement.
Le Premier ministre a fait déposer vendredi en préfecture sa candidature dans la cinquième circonscription de la Sarthe, dont il a été le député de 1981 à 2002, avant d'être élu sénateur en 2005. « Le chef du gouvernement doit faire confirmer sa légitimité par le suffrage universel », a-t-il expliqué.
M. Fillon est attendu samedi dans sa ville Sablé-sur-Sarthe pour lancer sa campagne. Lundi matin, il réunira à Matignon les responsables de la campagne nationale de l'UMP, et mardi les parlementaires sortants de la majorité présidentielle.
Interrogé sur la répartition des compétences avec Nicolas Sarkozy, le Premier ministre a confirmé que son rôle serait celui d'un exécutant dans un régime de facto présidentiel. « On a un président de la République qui a une légitimité exceptionnelle. On a un projet tranché par les Français de façon très claire. Le rôle du chef du gouvernement et le rôle des ministres, c'est de mettre en oeuvre scrupuleusement les projets politiques de Nicolas Sarkozy », a-t-il expliqué.
« On va avoir une équipe complètement soudée, avec un président de la République engagé dans la mise en œuvre des réformes (...) On sera beaucoup plus efficace et les Français auront beaucoup plus confiance que dans un système qui pouvait donner l'impression parfois qu'il y avait deux voix », a-t-il ajouté.
M. Fillon a exclu de faire des conférences de presse mensuelles comme son prédécesseur Dominique de Villepin. « Il faut faire des conférences de presse quand on a des choses à dire », a-t-il lâché.
Sur le fond, le Premier ministre a confirmé que le Parlement se réunirait en session extraordinaire « immédiatement » après les élections législatives pour commencer à mettre en oeuvre les engagements de Nicolas Sarkozy. Lors de cette session seront votés les projets de loi « déjà prêts » sur l'instauration de peines plancher pour les multirécidivistes, et l'abaissement de la majorité pénale à 16 ans. Le gouvernement présentera le texte promis par Nicolas Sarkozy pour exonérer de charges fiscales et sociales les heures supplémentaires.
Un projet de loi fiscal sera examiné pour supprimer les droits de succession pour la « quasi-totalité » des patrimoines et permettre aux ménages propriétaires de leur logement de déduire de leurs impôts les intérêts d'emprunt.
Le Premier ministre a estimé que son gouvernement d'ouverture était la première preuve de la « rupture politique » incarnée par l'élection de Nicolas Sarkozy. « Tous les engagements sont tenus : la parité repectée, le gouvernement resserré », a-t-il affirmé. « Tout à l'heure à la table du conseil des ministres j'étais un peu perdu, on a dû enlever la moitié des rallonges. »
Il a assuré que son gouvernement serait « libre » et que « chacun pourra s'exprimer » et « débattre au sein du conseil des ministres ». « Ce sera un gouvernement ouvert, mais ce sera un gouvernement qui mettra en œuvre scrupuleusement le projet politique de Nicolas Sarkozy », a-t-il répété pour ceux qui n'auraient toujours pas compris.
Déjà en campagne, le Premier ministre a déploré les commentaires « lamentables » du Parti socialiste sur l'entrée de Bernard Kouchner dans son gouvernement. « Les socialistes, il n'aiment l'ouverture que quand elle est autour d'eux », a-t-il accusé.
Associated Press
Photo © service de presse du Premier ministre
A l’origine, l'UMP avait investi dans cette circonscription de la Sarthe M. Marc Joulaud, 39 ans, premier adjoint au maire de Sablé-sur-Sarthe et actuel député, comme le rappelle le Nouvel obs en ligne, ce qui suscite de nombreuses réactions de la part de ses lecteurs. Il est vraisemblable que M. François Fillon souhaite bénéficier de sa casquette de premier ministre pour réaliser un score supérieur aux 55,21 % qu’il avait obtenus en 2002 contre le candidat socialiste.
Dans la précipitation, l'UMP n'a même pas mis en ligne de photo de M. Fillon et a appelé son suppléant une suppléante… Respect de la loi sur la parité, peut-être ?
Puisque le gouvernement est « d'ouverture », pourquoi craindre ainsi le camp adverse ? Cette ouverture n'éait-elle pas prônée par M. Bayrou, suivi plus mollement par Mme Royal ?
Sur son blogue, Alain Carignon, deux fois ministre et deux fois condamné, soutenu dans sa course aux législatives par Nicolas Sarkozy, Valérie Pécresse ou Bernadette Chirac, salue d’ailleurs ce « gouvernement d’ouverture » (il est vrai que l’on a souvent accusé à tort M. Sarkozy de mentir sur Tchernobyl, alors que M. Carignon était aux affaires).
Les déclarations de M. Fillon à TF1 ont eu lieu moins de deux heures après qu’il ait dit que sa priorité était le social, ce qui a été relayé Outre-Quiévrain, où l’on commence enfin à s’intéresser… aux élections législatives belges du 10 juin (l’actualité était surtout française ces derniers temps…).
F. A.
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