Une rafle malencontreuse…
Une jeune femme est arrêtée par erreur avec des immigrés clandestins lors d'un contrôle d'identité sauvage. Mi-fascinée, mi-voyeuse, elle décide de se faire passer pour une immigrée roumaine et devient (bien malgré elle) victime de la machinerie bureaucratique.
Placée dans un centre de rétention administrative de la région parisienne, elle découvre, hébétée, ces immigrés séquestrés qui tournoient dans l'attente d'une décision du juge : libération ou renvoi au pays, la tour de Babel des langues et des codes, le racisme entre Noirs et Arabes, la course à l'identité, n'importe laquelle, pourvu qu'on vous laisse en paix. Là-bas, elle va connaître des sentiments contradictoires, entre amour et crainte, pour un clandestin séducteur et manipulateur...
Mais ces exilés la ramènent à son propre statut : fille de juifs d'Afrique du Nord, née en France, elle s'est toujours sentie en situation irrégulière.
La critique de Evene.fr :
C’est un récit percutant sur l’autre et l’identité que nous livre Karine Tuil avec son roman « Douce France ». Cet autre, cet étranger qui dérange, qui doit partir. Cet autre dont la France ne sait pas quoi faire. Portée par l’idée que l’Histoire se répète, mêlant histoire personnelle et récit fictif, l’écrivain explore les coulisses de l’expulsion des clandestins, de la rafle à l’aéroport. Chronique acide d’un départ annoncé et craint, « Douce France » sonne juste.
Incisive et lucide, Karine Tuil peint un Babel bruyant, dans lequel il est impossible de se sentir chez soi et de traduire ses angoisses. Puisqu’on ne peut les exprimer. Son analyse de la langue et de l’accent, comme outils de communication et de sociabilité est brillante. Et au-delà des mots, l’auteur saisit l’attente, l’humiliation, l’exil de ces apatrides et les subtilités du monde carcéral. Beaucoup de justesse dans ces pages franches et abouties dont le rythme porte un récit cinglant et laisse en suspens une interrogation : « Qu’ont-ils donc à nous prendre que nous ne pouvons leur offrir ? »
Mélanie Carpentier
Autres critiques :
Le Nouvel observateur :
Son aventure personnelle mêlée à celle de son personnage rend le récit réaliste, poignant, passionnant.
Sophie Delassein (1 février 2007)
Le Point :
C'est bref, cinglant et fort. Ecrit comme on cravache, une sorte d'éloge des étrangers en pays d'exil, livrés à eux-mêmes, dans une France qui ne sait que faire de ceux qui font appel à elle.
Gilles Pudlowski (15 février 2007)
Le Magazine littéraire :
Un livre qui décrypte un phénomène de société sans que l'écriture soit pour autant celle de la colère. Abandonnant le registre tragique qu'on lui connaissait, Karine Tuil retrace, avec autant de délicatesse que de lucidité, un microcosme carcéral et babélien qui n'est autre que le reflet des mécanismes à l'oeuvre dans la construction de son identité.
Jessica L. Nelson (Février 2007)
Douce France
Karine Tuil (Grasset)
ISBN : 9782246709911
178 pages, 14,90 €
Karine Tuil, née le 3 mai 1972 à Paris, est l'auteur de « Pour le Pire » (2000), « Interdit » (2001), « Du Sexe féminin » (2002), tous publiés chez Plon.
Karine Tuil a abandonné sa thèse de droit, qui portait sur l'interaction entre la vie privée et la vie publique, pour se consacrer à l'écriture. Elle avait déjà publié un premier roman, mais ce n'est qu'à la parution de son deuxième ouvrage, « Interdit », qui a été sélectionné pour le Goncourt, qu'elle a décidé de vivre de sa plume. (Photo © Grasset)
Karine Tuil, 35 ans depuis quelques jours, avait à l'occasion de son premier roman accordé un entretien à Actustar.com.
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