Premier bilan des machines à voter : des difficultés pratiques de leur utilisation
Dans son édition du 25 avril, Maire Info, le très officiel bulletin de l’Association des maires de France (AMF), indique que « cinq des quatre-vingt-deux communes ayant choisi le vote électronique ont fini par jeter l’éponge et ne l’utiliseront pas lors du second tour de la présidentielle le 6 mai prochain ».
Il s’agit d’Amiens, Saint-Malo, Ifs (Calvados), Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis) et le Perreux-sur-Marne (Val-de-Marne). « Une proportion assez faible (6 %) », estime Maire Info, qui remarque cependant que « les arguments qu’avancent leurs responsables n’en sont pas moins frappants. Le premier tient aux difficultés pratiques liées à l’utilisation des appareils. La nouveauté du système s’est conjuguée à une participation exceptionnelle, dimanche [22 avril, pour le premier tour, NDLR], pour créer des retards très importants. Nombre d’électeurs ont donc parfois patienté plus d'une heure avant de voter ».
Le code électoral impose en effet la présence, dans chaque bureau de vote, d'« un isoloir par 300 électeurs inscrits » et d'« une seule urne ». Or, la machine électronique est considérée comme une urne. « A la différence des bureaux de vote traditionnels, note Maire Info, il n'y avait donc, dimanche, dans les communes équipées, qu'un seul isoloir : la machine elle-même. Dans une ville moyenne, jusqu’à 1 200-1 500 inscrits par bureau, les difficultés peuvent s’estomper, au-delà, c’est plus difficile. »
« Dimanche, dans le plus gros bureau de la commune du Perreux, qui compte 1 896 inscrits, les derniers électeurs ont voté quelques minutes seulement avant 22 heures », ajoute Maire Info (à titre comparatif, dans le bureau parisien où je vote, sur 1 860 inscrits, le dépouillement a pu commencer peu après 21 h…)
Le maire du Perreux (Val-de-Marne), rapporte « Le Monde » (daté du 24 avril), envisage donc de maintenir le vote traditionnel avec des bulletins de papier jusqu'aux élections législatives de juin. Et de ne réutiliser les machines à voter qu'à partir de 2008, lorsqu'il aura eu le temps de créer des bureaux de vote supplémentaires.
« Second argument : une partie des élus ont préféré ne pas prendre de risques d’invalidation des votes exprimés. Le risque n'est pas nul, même si la hauteur des écarts enregistrés ne suffit pas à déboucher sur un contentieux. Ainsi, dans un bureau de vote de Reims, lundi 23 avril, un écart de 48 voix entre le nombre d'électeurs ayant émargé et celui enregistré par la machine a été constaté. Selon la section locale du PS, qui réclame un retour au vote papier traditionnel, plusieurs autres bureaux de la ville de Reims auraient connu des incidents similaires. »
Le maire de Reims a reçu en ce sens un courrier du représentant local (PS) de la candidate Ségolène Royal.
A Amiens, le maire, Gilles de Robien (élu sous l’étiquette UDF et soutien de Nicolas Sarkozy), avait pour sa part renoncé à utiliser les machines électroniques, dont le prix moyen est de 4 000 € pièce, à cause « de la polémique sur la fiabilité ».
Selon l'informaticien Nicolas Barcet, animateur du site betapolitique.fr, un farouche opposant aux machines électroniques, l'argument des files d'attente pour revenir au vote traditionnel est « mauvais ». « Il faudrait un moratoire sur les machines à voter, plaide-t-il, car aujourd'hui, avec mes connaissances en informatique, je serais incapable de vous dire si, avec ces appareils, les élections ont été truquées ou non. », conclut le bulletin de l’Association des maires de France.
Ce jeudi 26 avril, betapolitique.fr remarque que, dans les villes ayant utilisé le vote électronique, la participation était inférieure de quatre points à la moyenne.
Pour suivre l’actualité sur les machines à voter (ou à ne pas voter, c’est selon), cliquer ici pour avoir les informations diffusées par betapolitique.fr et là pour la sélection de Google.
Même le Conseil constitutionnel a consacré une rubrique (discrètement cachée sur son site) à ces machines qui posent question.
Fabien Abitbol
et si une seule des villes qui ont eu l'idée d'utiliser le vote électronique avait jeté l'éponge, la proportion aurait été encore plus faible mais ce ne serait pas une raison pour ne pas en tenir compte!
Et que penser du fait que la ville dont le maire est le ministre de Robien(UDF comme le béarnais et électeur UMP comme le petit Nicolas,ce fils d'immigré qui a vécu une enfance traumatisante en banlieue, oui! oui! il l'a assez dit!) que penser, disais-je, du fait que Amiens fait partie de ces villes?
Et est-ce qu'une étude a été faite ou le sera pour comparer dans chacune des villes à vote électronique les résultats du 22/04 à ceux de votes analogues par exemple celui du 21/04/02 ? Je ne crois pas personnellement que ça puisse avoir un sens mais ça pourrait être un exercice à proposer aux têtes d'oeuf que l'on façonne dans la capitale alsacienne.
Rédigé par : armanddukram dit A.A. | 26/04/2007 à 10h29
A ce que j'ai pu voir sur une chaîne TV d'information en continu, la maire-adjointe d'Amiens en charge de l'organisation des élections a préféré retirer les machines "parce que beaucoup des habitants lui en avaient fait la demande".
Pour information, lors du deuxième tour de l'élection présidentielle de 1988, les résultats de trois communes en France ont té invalidés, ce après que M. Mitterrand se soit succédé à lui même. Mais le total des voix mises en causes (et même le total des suffrages exprimés sur ces trois communes) n'était pas suffisant pour invalider la réélection du président, puisque celui-ci avait été élu haut-la-main.
Je ne pense pas non plus que l'on puisse comparer l'élection de 2002 à celle de 2007. MAIS, si des contastations ont lieu sur une petite échelle au deuxième tour et que le premier correspond à peu près au premier tour de 2002 en tenant compte de tous les critères, c'est une possibilité d'invalidation partielle, donc potentiellement totale, selon l'écrt entre le candidat UMP et la candidate PS…
L'essentiel est de penser à voter car, avec le 8 mai que le ministre de l'Intérieur de l'époque (M. Villepin) n'avait apparemment pas vu venir (il a bien fait changer la durée du mandat des maires d'un an, il aurait pu demander au président en place de rallonger ou de raccourcir son mandat de trois semaines…) a prévu deux jours après le 6, une faible mobilisation est à craindre. Ou à espérer, selon le camp dans lequel on se place.
Merci pour les commentaires, rares, mais pertinents.
Rédigé par : Fabien | 26/04/2007 à 18h38
La liste des irrégularités relevées par le Conseil consitutionnel se trouve ici :
http://www.conseil-constitutionnel.fr/dossier/presidentielles/2007/documents/communiques/20070426.htm
il n'y a donc à présent qu'un seul bureau de vote en France où le résultat a déjà été invalidé.
Rédigé par : Fabien | 26/04/2007 à 20h04