Le symbole était fort à huit jours du premier tour de l'élection présidentielle. François Bayrou et Dominique Voynet ont participé samedi matin à un débat au cœur de la cité des 4.000 à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), là où Nicolas Sarkozy avait lâché le mot « Kärcher ».
Tous les candidats étaient invités à l'exception de Jean-Marie Le Pen et Philippe de Villiers, mais seuls le candidat UDF et celle des Verts ont répondu à l'invitation de l'association SOS Racisme, organisatrice de cette opération (« six heures contre les discriminations »). M. Bayrou et Mme Voynet se sont exprimés à tour de rôle devant une centaine de personnes réunies sur la place Georges Braque, au milieu des immeubles de la cité.
François Bayrou, qui a multiplié les déplacements en banlieue pendant la campagne, a reçu un bon accueil. « Vous êtes l'homme de l'apaisement », lui a lancé une femme au début de la rencontre.
Le candidat UDF a répondu pendant une heure aux questions des participants, membres de SOS Racisme ou habitants du quartier. Plusieurs personnes ont exprimé leur colère contre Nicolas Sarkozy, qui n'est plus revenu dans le quartier depuis sa promesse de « nettoyer » la cité « au Kärcher » en juin 2005 après la mort d'un jeune garçon tué par balle. « Nicolas Sarkozy nous prend toujours pour des terroristes d'Al Qaïda », s'est insurgé un homme. « Nous sommes considérés comme les ennemis de la France. »
François Bayrou a saisi la balle au bond. « Un pays est profondément malade lorsque ses membres ont le sentiment d'être considérés par les autres comme des ennemis », a répondu le candidat centriste. « La principale mission d'un président de la République, c'est de faire vivre les gens ensemble. »
Le candidat UDF a repris plusieurs des propositions du "Manifeste pour l'égalité" de SOS Racisme. Dans le domaine du logement, il s'est engagé à faire respecter l'obligation légale de 20 % de logements sociaux dans chaque commune en prévoyant que tous les programmes immobiliers comprennent au moins 25 % de leur surface en logements sociaux. En cas de violation de cette obligation, « je suis pour qu'on enlève le permis de construire et qu'on le donne aux préfets », a lancé M. Bayrou.
Concernant l'école, le candidat UDF a approuvé l'idée d'un contrat avec les enseignants pour qu'ils restent cinq ans en zone d'éducation prioritaire (ZEP).
Sur la question cruciale de l'emploi, il s'est prononcé pour une expérimentation du CV anonyme afin d'éviter les discriminations à l'embauche et a proposé que les entreprises candidates à des marchés publics souscrivent un contrat de lutte contre les discriminations.
Dominique Voynet, qui lui a succédé, a retenu l'ensemble du manifeste pour l'égalité, « une excellente base de travail », et a promis de « le compléter pour prendre en compte la situation des femmes, des personnes handicapées et des étrangers ».
Les autres candidats invités, dont Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, ne sont pas venus. Le candidat UMP a pourtant fait vendredi un retour en banlieue lors d'un vif débat avec des habitants du quartier de Beauval à Meaux (Seine-et-Marne).
« Il y a deux types de candidats, ceux qui franchissent le périphérique entourés d'une horde de policiers pour se rendre dans des événements organisés par leur équipe de façon extrêmement soigneuse et bien bordée, et il y a ceux qui prennent le métro, qui vont dans les petits commerces des quartiers et discutent avec les habitants tous les jours », a remarqué Mme Voynet en montrant son passe de transports en commun aux caméras. La sénatrice de Seine-Saint-Denis est toutefois repartie en voiture vers le centre de Paris pour enregistrer une émission de télévision.
© Associated Press
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