Nicolas Sarkozy insiste, persiste et signe. Le candidat UMP a lu, hier, un discours qui parle d’amour, sans doute pour mimer Jacques Chirac. Alors que sa politique proclame la haine. Avec obstination et en clignant de l’oeil vers les amis de Le Pen, il répète qu’il mettrait en place un ministère qui opposerait l’identité nationale et l’immigration.
« La promesse des commencements » qu’il a faite aux jeunes des beaux quartiers, qu’il avait réunis hier, est à l’inverse du visage coloré de la France, à l'opposé de l’engagement et du sacrifice de Guy Môquet, ce jeune résistant communiste dont il a une nouvelle fois voulu récupérer et travestir l’engagement. C’était précisément contre la traque des étrangers - ceux de l’Affiche rouge, par exemple, qui ont tout donné pour une autre idée de notre nation que celle qui alors opposait la France aux « affaires juives » -, contre la trahison des puissants, c’est pour « un rêve modeste et fou » de fraternité universelle, de justice et d’égalité que Guy Môquet s'est dressé. Si loin de l’appétit de pouvoir d’un Nicolas Sarkozy, de sa dénonciation des « racailles », des divisions qu’il s’acharne à tracer sur la carte du pays.
Le leader de la droite réveille les plus sales démons du nationalisme. Le voilà qu’il s’en prend à la « repentance » qui affaiblirait la France.
De quoi parle-t-il ? De la dénonciation sans concession du rôle de « l’État français », de Pétain dans la déportation des juifs ? Des massacres, des humiliations, des guerres imposés par des colonisateurs à des peuples entiers ? Oui, c’est sur tout cela qu’il veut revenir. Et Nicolas Sarkozy se lâche et donne même en exemple « la France des croisades ». Dans les officines et les arrière-cuisines de l’extrême droite, ces mots font chaud au cœur. Le ministre de l’Intérieur qui a lancé la traque aux enfants écoliers jusque dans les écoles espère décrocher une part du fond de commerce de Le Pen, en dénonçant « une minorité qui ne nous ressemble pas », dans un pêle-mêle qui additionne l’immigration et les délinquants ou les jeunes des quartiers.
L’identité dont il parle est rattachée à une sorte de « France éternelle » qui nie combien la nation doit aux vagues d’immigration qui se sont additionnées dans l’Hexagone. Les historiens qui, mentionnant l’affaire Dreyfus ou le régime de Vichy, constatent que chaque fois que l’on a prétendu poser les problèmes sociaux en fonction des origines, la démocratie en a lourdement pâti. Le ministre de l’Intérieur parle d’une toute petite France, amputée des mille apports dont elle est faite et qui demain la feront pour qu’elle reste vivante.
Finalement la France qu’évoque Nicolas Sarkozy, même avec ses trémolos quand il parle « patrie » et un brin de compassion à l’égard des « handicapés de la vie » (!), prend des traits à l’Amérique de Bush et des néoconservateurs. Un soupçon de charité dans un océan de libéralisme qu’il a voulu passer sous silence hier soir. Tout cela est tellement à l’opposé des espérances de Guy Môquet, tellement loin. Tellement contraire au rêve de Martin Luther King qu’il ose embarquer dans ses fourgons, lui qui joue sur les communautarismes et qui assimile l’immigration aux moutons égorgés dans les baignoires. Pour l’heure, le candidat UMP - chouchou des patrons du MEDEF et de l’aristocratie de la finance - ne peut se réclamer des soldats révolutionnaires de l’an II que parce que les valeurs et les choix de gauche ne sont pas suffisamment affirmés. Qu’ils prennent un nouvel élan, et ce champion de la droite et son rival Bayrou seront battus lors de l’élection présidentielle.
Éditorial de Patrick Apel-Muller paru dans « L'Humanité » du 19 mars 2007
Lire également L’hommage du chef de l’UMP à Le Pen.
je me souviens maintenant pourquoi je ne lis pas l'Humanité...ils sont aussi sectaires et revanchards que ce soit disant Sarkozy qu'ils disent dénoncer...
les propos tenus dans cet article sont épidermiques et passionnels et donc démagogiques...il est facile de "coller" vichy et petain à toutes les sauces, quand ça arrange...mais je crois quand même, malgré certains comportements policiers inacceptables, qu'on ne peut comparer la Shoah avec l'immigration choisie de M.Sarkozy...il ne tue personne il me semble !...
arrêtons de banaliser un moment tragique de l'Histoire à des fins purement politiques !
mais le ton est donné, c'est un édito...
Rédigé par : valérie abram | 20/03/2007 à 15h11
Oui, c'est un édito…
Certes, il n'y a pas de déportation, mais des mesures d'éloignement.
Quant à la collaboration de la police française, elle s'est illustrée dimanche dernier au Brésil !
Rédigé par : Fabien | 20/03/2007 à 17h15