La candidate de Lutte Ouvrière risque de ne pas avoir ses 500 signatures
Arlette Laguiller, qui en 1974 a été la première femme à se présenter à l’élection présidentielle (au lendemain de la grève au Crédit Lyonnais, elle avait obtenu 595 247 voix, soit 2,33 % des suffrages exprimés), pourrait ne pas avoir les 500 parrainages, suite à une erreur administrative, a indiqué son service de presse dans une note aux rédactions publiée dans la nuit du 1er au 2 mars.
Si Mme Laguiller n’était pas candidate en 2007 (ce qui devrait représenter pour elle la « der des der »), ce serait la première campagne sans elle depuis 1974, car elle avait toujours réussi à obtenir les 500 signatures nécessaires auprès des 45 à 48 000 personnes habilitées (*). Parmi les « inusables », seul Jean-Marie Le Pen avait échoué en 1981, pour se faire élire dans le 20e arrondissement en 1983 à titre de lot de consolation. Dans l’Est parisien, on s’en serait bien passé…
« Peu à peu les promesses se transforment en parrainages officiels », explique son service de presse, qui considère que « même si la très grande majorité des élus concrétisent la promesse faite, certains d'entre eux reprennent leur parole ou hésitent. Comme Arlette Laguiller n'avait que 512 promesses, cela reste tangent, même si des élus qui n'avaient jusque-là rien promis acceptent maintenant de la parrainer. A l'heure actuelle nous évaluons (c'est approximatif, vu les délais de retour) à environ 400 formulaires officiels de parrainages signés. ». Il semblerait que les soucis rencontrés par la candidate historique de Lutte ouvrière soient dûs à « des erreurs de l'administration comme, par exemple, dans les départements de la Marne et du Loiret où les Préfets ont fait l'erreur d'envoyer aux élus des formulaires non valables car édités en 2004. » Les préfets dépendent du ministère de l'Intérieur et le ministère de l'intérieur a à sa tête un candidat à l'élection présidentielle…
« En toute bonne foi, explique le service de presse de la retraitée du Crédit Lyonnais, des élus ont donc parrainé Arlette Laguiller en utilisant ces formulaires non valables. Le Conseil constitutionnel consulté nous a déclaré que les Préfets concernés vont renvoyer des formulaires, valables cette fois, aux élus et que les parrainages donnés sur les formulaires non valables seraient invalidés. Cela pose des problèmes importants car des élus ne comprennent pas qu'il faille remplir à nouveau un formulaire. Certains s'imaginant que nous voulons les faire signer deux fois, ce qui leur semble illégal, cela nous a valu quelques refus », ajoute la responsable du service de presse de la candidate.
A l'heure actuelle, Arlette Laguiller est donc encore dans l'incertitude, tout en ayant confiance dans les promesses qui lui ont été faites. Mais il n'est pas impossible qu'elle échoue à une dizaine de signatures près car, entre les désistements toujours possibles et les signatures fermes, l'évaluation du service de presse de « la candidate des travailleurs » varie entre 510 et 490 parrainages officiels possibles.
Pendant ce temps, on entend surtout Jean-Marie Le Pen se plaindre, comme à chaque échéance, peut-être plus fort encore… A juste titre ou pas ? Ce dimanche 4 mars 2007, à 17h40 sur M6, ce Breton qui fut le plus jeune député poujadiste de France en 1956 et serait cette année le doyen des candidats ne manquera sans doute pas de s’épancher auprès d’Estelle Denis, qui a reçu François Bayrou et Nicolas Sarkozy pour ses deux premières émissions.
Jamais depuis 1974 Mme Laguiller n’a tiré ou fait tirer le signal d’alarme. Jamais elle n’a agité le chiffon rouge. En 1995, elle semblait même très surprise d’avoir pour la première fois franchi le cap des 5 % de suffrages exprimés permettant le remboursement dans certaines limites des frais de campagne.
Dans le point effectué ce dimanche midi sur le site de TF1, il est surtout question de MM. Bové et Le Pen, et très peu de Mme Laguiller et de M. Besancenot.
Le site de campagne de Mme Laguiller est ici. Lire en ligne le dernier discours de campagne de la candidate de Lutte Ouvrière. Ici se trouve un site satirique consacré à la candidate de LO. La dépêche AFP de jeudi est là.
Les émissions télé ou radio avec Arlette Laguiller :
• Dimanche 11 mars (France 5) Ripostes (invitée à Ripostes depuis un mois, Arlette Laguiller a été déprogrammée de cette émission sans aucune explication de la part de M. Serge Moati, indique-t-elle sur son site).
• Lundi 12 mars (France Inter, i>Télé, Le Monde) de 19 heures 30 à 20 heures 15 : Le Franc-Parler
• Lundi 19 mars (France 3) à partir de 20h50 : l'une des invités de "Spécial Campagne"
André Léger
Photo : fonds d’archives de Göksin Sipahioglo
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(*) Rappel de la règle des 500 parrainages :
Les élus habilités à délivrer une signature peuvent être : députés, sénateurs, maires, maires délégués des communes associées, maires des arrondissements de Lyon et de Marseille ou membres élus de l'Assemblée des Français de l'étranger, présidents des organes délibérants des communautés urbaines, des communautés d'agglomération, des communautés de communes, conseillers généraux des départements, de Mayotte, de Saint-Pierre-et-Miquelon ou du Conseil de Paris (Paris est à la fois une Ville et un Département), conseillers régionaux, élus de l'Assemblée de Corse, de l'Assemblée de la Polynésie française, du Congrès et des assemblées de province de la Nouvelle-Calédonie, de l'Assemblée territoriale des îles Wallis-et-Futuna, président de la Polynésie française, président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie ou encore membres du Parlement européen élus en France et ressortissants français.
Le nombre de signataires potentiels est de plus de 45 000 personnes (dont les fameux 36 000 maires, tant courtisés), Ces parrainages doivent provenir d'au moins trente départements ou collectivités d'outre-mer différents sans que plus d'un dixième d'entre eux soit issu du même département ou de la même collectivité d'outre-mer. Un élu ne peut parrainer qu'un seul candidat et n'apporter à ce dernier qu'un seul parrainage même s'il cumule différents mandats.
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