Des magistrats s’inquiètent du soutien de sa patronne à Nicolas Sarkozy
La Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), fondée sous Georges Clemenceau, a fêté son centenaire au cabaret parisien Le Paradis Latin, le 1er février. Nicolas Sarkozy, le « premier flic de France », à peine de retour de Londres d’où il lançait un appel aux expatriés, était de la sauterie. Il a reçu un soutien de Martine Monteil, première femme a avoir été nommée à la tête de la DCPJ… sur proposition de Dominique de Villepin lors du conseil des ministres du 27 octobre 2004. Un soutien qui n’a pas du tout plu à nombre de magistrats ! Maladresse ou recherche d'un potentiel poste de ministre de l'Intérieur ?
Un « point de détail » qui avait échappé à beaucoup le 1er février. Et qui passe quasi-inaperçu ce jour, malgré les communiqués syndicaux. Alors que les médias, lors du centenaire des « Brigades du Tigre » (la Direction centrale de la PJ) ont focalisé sur le fait que le candidat officiel de l’UMP depuis le 14 janvier annonçait qu'il restait place Beauvau, la patronne de la PJ, Martine Monteil, a de son côté rendu un hommage appuyé et public au « courage » ainsi qu'à « l'énergie » de M. Sarkozy et lui a souhaité un « grand succès ». Il semble que le devoir de réserve qui s’applique à tout fonctionnaire ne soit pas dans l’esprit de cette femme qui, bien que discrète, n’a pas hésité en 2005 à poser pour une photo pipole en soutien à la série télévisée éponyme de France 2.
La légendaire discrétion de Mme Monteil fait que sa fiche sur Wikipédia se résume à ça… Certes, en cherchant bien, on trouve un écho de deux ans après sa nomination dans… « Les échos » (journal économique avant tout). Il faut aller sur le site du « Nouvel économiste » (également magazine d’informations économiques) pour trouver un portrait de la directrice digne de ce nom ! N’y aurait-il donc que les journaux économiques ou policiers pour s’intéresser à la première femme à accéder à de si hautes fonctions ? Sauf, bien sûr, lorsqu’elle commet un faux-pas. (Même le blogue Nounours, essentiellement dévoué aux critiques à l’endroit du N°2 du gouvernement, ne parle pas de cette soirée dans ce cabaret parisien ; il en est de même du site de l’observatoire des libertés publiques, Que fait la police ? , non mis à jour depuis le 9 janvier). « L’express » se contente de réduire la dépêche de l’agence Reuters (lire ici).
« La directrice centrale de la police judiciaire, Martine Monteil, a pris publiquement parti en faveur de Nicolas Sarkozy, soutenant ainsi sa candidature à l'élection présidentielle », déplorent l'Union syndicale des magistrats et le Syndicat de la magistrature, lundi 12 février. Les présidents des syndicats de magistrats s'en plaignent dans un courrier commun adressé au premier président de la cour d'appel de Paris.
Citant la dépêche de l’Agence France-Presse du 1er février et le « Journal du dimanche » du 4 février (*), les syndicats de magistrats rapportent que Mme Monteil a souhaité à M. Sarkozy que « le courage et l'énergie » du ministre soient demain « au service de la France ». La directrice centrale de la police judiciaire a également fait vœu d' « un grand succès » pour le candidat de l'UMP, lors d'une entrevue dans le cadre de la célébration du centenaire de la police judiciaire, à Paris, le 1er février. « Elle aurait précisé qu'elle s'exprimait à titre personnel », ajoute le communiqué, rejetant pourtant cette « précaution oratoire ».
« Cette prise de position publique ne peut que nuire à l'impartialité objective et subjective des actes de procédure que le justiciable est en droit d'attendre de la police nationale », estiment les présidents de l'USM et du SM, Bruno Thouzellier et Emmanuelle Perreux (Juge d’application des peines à Bordeaux).
Les syndicats de magistrats expriment leur « inquiétude » et laissent au premier président de la cour d'appel de Paris « le soin d'apprécier, le cas échéant, l'opportunité de saisir le procureur général de la cour d'appel de Paris ». (Lire la dépêche complète de l’agence Reuters ici).
Trois semaines plus tôt, sous le titre « Les flics se rebiffent », une contre-enquête sur des policiers désabusés avait été publiée par « Le Nouvel Observateur », qui notait que les policiers en avaient assez de la « culture du résultat » (ils venaient de procéder à une « trop » maigre interpellation de sans-papiers à Stalingrad).
Depuis juin 2006, c’est un ami d’enfance du ministre-candidat qui est à la tête de la PJ parisienne (même si le président de la République a un peu traîné pour signer le décret de nomination).
(*) Sous le titre « Martine vote Sarko », le JDD avait publié le 4 février la brève suivante :
« Je me sens bien avec les policiers », s'est exclamé jeudi soir Nicolas Sarkozy sur la scène du Paradis Latin qui accueillait le gala du 100e anniversaire de la police judiciaire. Il faut dire que, quelques instants plus tôt, Martine Monteil, patronne de la PJ, avait souhaité, à titre personnel, que le « courage et l'énergie » du ministre, soient demain « au service de la France ».
André Léger
Nota : le tout nouveau magazine de la police nationale « Police Pro » (disponible sur abonnement) dresse un bilan des 100 ans de la PJ.
très belle photo de M.Sarkozy !
Rédigé par : johanna | 13/02/2007 à 13h49
Normal !
une photo tout à son avantage, avec les paillettes du cabaret derrière et l'estrade… photo prise en contrebas qui laisse apparaître Mme Martine Monteil toute petite, alors qu'elle mesure approximativement la taille de M. François Mitterrand… qui l'avait fait nommer commissaire, si je ne m'abuse, peu après la campagne pour l'engagement dans la police titrée de façon très sexiste : « La police, un métier d'hommes ».
Reste que, en 2001, la police nationale ne comptait dans ses effectifs que 13 % de femmes et que cette fervente admiratrice du Général de Gaulle et du pape Jean-Paul II a eu un parcours atypique, du fait que son père a refusé qu'elle ne devienne professeur d'éducation physique.
Rédigé par : Le ouaibemaître | 13/02/2007 à 14h51
pourquoi un tel acharnement médiatique sur la taille de M.Sarkozy ? en ferait-on autant si il était gros ?...ou noir ?...
quant au slogan sexiste, j'aurais mis "...un métier d'Homme"...
bonne journée
Rédigé par : johanna | 13/02/2007 à 17h03
Il me semble que c'était "hommes", en minuscules et au pluriel…
Je ne sais s'il y a un acharnement médiatique autour de la taille du capitaine de l'UMP, mais lui-même se met souvent sur une estrade… quand ce n'est sur la pointe des pieds. Un de ses anciens camarades de classe dit lui-même qu'il faisait des complexes…
http://www.astrotheme.fr/des_tailles2.php
Du haut de leur mètre 68, Napoléon Bonaparte et Martin Luther King étaient par beaucoup considérés comme de grands hommes…
Rédigé par : Fabien | 13/02/2007 à 17h30