Hélène Viannay incinérée au Père-Lachaise
Hélène Viannay, veuve du journaliste Philippe Viannay, est décédée le 25 décembre à Paris. Un hommage à cette grande résistante quelque peu méconnue sera rendu demain jeudi 4 janvier à 10 heures au cimetière du Père-Lachaise avant la dispersion de ses cendres en Bretagne, au Centre nautique des Glénans, dont elle avait été déléguée générale de 1959 à 1979.
Née à Paris le 12 juillet 1917, Helena Victoria Mordkovitch, avait participé au soixantième anniversaire de la création du Conseil national de la Résistance. Cette jeune femme de 23 ans, née à Paris, étudiante en géographie à la Sorbonne au moment de l’Occupation, d’origine russe (sa mère, menchevik, et son père, bolchevik, avaient été chassés par le Tsar), se souvenait : « J’ai toujours entendu dire autour de moi, que la France est la terre de la Liberté. L’école communale m’avait amené à penser qu’il n’y avait aucun régime au monde plus beau que celui de la République Française. Liberté, Egalité Fraternité : pour moi c’était ma vie. Les Allemands arrivent et suppriment la Liberté, c’est le début de mon engagement ». En 1942, elle avait épousé un jeune étudiant en philosophie, Philippe Viannay, fondateur en 1941 du journal clandestin « Défense de la France » (qui deviendra plus tard « France-Soir »), avec entre autres la nièce du Général de gaulle, Geneviève Anthonioz-de Gaulle. Elle y collaborait activement.
La défaite de 1940 consommée, la discrète Hélène Mordkovitch était de celles et ceux qui créèrent de toutes pièces la Résistance. Hélène et Philippe se marièrent en octobre 1942. Un garçon, Pierre, devait naître le 14 juillet 1943, le jour où les membres de « Défense de la France » effectuaient un coup d'éclat en distribuant à des milliers d'exemplaires dans le métro un numéro spécial (avec un tirage de 450 000 exemplaires, « Défense de la France » représentait en 1944 le plus grand tirage de la presse clandestine). Une semaine après la naissance de Pierre, une vague d'arrestations touchait le mouvement et Hélène quittait la clinique avec son nourrisson. A la fin juin 1944, elle rejoignit le maquis de Seine-et-Oise Nord dirigé par son mari et assurait la liaison entre les différents secteurs, le maquis et Paris.
Après guerre, les époux Viannay ont travaillé à la fondation du centre nautique breton des Glénans, qui s’apprète à lui rendre hommage. Le couple s’était éloigné de « Défense de la France », rebaptisé « France Soir », dont la ligne éditoriale avait changé, et vivait des années difficiles.
Après le décès en novembre 1986 de son mari, fondateur du Centre de formation des journalistes (CFJ), elle crée le prix Philippe Viannay-Défense de la France qui, à partir de 1991, récompense chaque année un ouvrage dédié à la résistance au nazisme en France ou en Europe.
En 2001, Hélène Viannay est élevée au grade de commandeur de la Légion d'honneur. En 2004 paraît aux Editions Pascal, sous la plume de Clarisse Feletin, un ouvrage, « Hélène Viannay. L'instinct de résistance, de l'Occupation à l'école des Glénans », qui restitue la parole de cette femme entière, peu loquace, d'une exemplaire fidélité à ses choix et à ses amis.
Dans son édition du 29 décembre, le quotidien « Ouest-France » a évoqué cette discrète mais importante résistante, qui avait accordé en 2005 un entretien à France-Culture. Le site des Anciens du CFJ lui a également consacré une brève. Un entretien d’une heure se trouve classé dans les archives de l’Institut national de l’audiovisuel (INA). En 1995, Hélène Viannay avait accordé un entretien à la revue CLIO, spécialisée dans les femmes et la société.
Il est pour le moins étonnant que les plus hauts personnages de l’Etat n’aient pas fait état de cette disparition… Ni le Chef de l’Etat, Autorité suprême de l’Ordre de la Légion d’honneur, ni Mme Alliot-Marie (Ministre de la Défense), sans doute occupée par les troupes françaises stationnées au Liban, ni M. Sarközy, en visite discrète à Davos pour préparer, entre autres, le Forum économique mondial, qui se tiendra au lendemain des élections internes de l’ UMP.
Fabien Abitbol
Photos Centre nautique des Glénans et Association des Etudes sur la Résistance intérieure
pauvre France même pas reconnaissante ...
Rédigé par : grenouille 13 | 04/01/2007 à 16h15
Je crois que la France a la tête tournée vers les futures élections et ne s'est pas rendu compte qu'une dame de 89 ans pouvait décéder, comme ça, vingt ans après son mari…
C'est ce que l'on peut appeler de l'ingratitude ou du manque de politesse, eu égard à la discrétion de cette dame qui n'a pas ménagé ses efforts, qui a risqué sa vie pour la France, et qui part dans une indifférence quasi-générale…
Rédigé par : Fabien | 04/01/2007 à 16h43
Que veux tu il y avait pas la canicule ....
Rédigé par : grenouille 13 | 04/01/2007 à 19h14
Merci beaucoup pour l'article sur cette femme
Rédigé par : Xenia Russie | 04/04/2008 à 13h48
De rien camarade. Hélène était de ces femmes si discrètes que personne n'a pensé à lui rendre hommage parmi les plus hautes autorités de l'Etat !
voici peu, il n'y avait personne là :
http://menilmontant.noosblog.fr/mon_weblog/2008/03/adam-rayski-cof.html
seulement des Anciens combattants, des représentants du Crif, de Paris et du 20e… Pas de l'Etat ni des Anciens combattants.
Quelqu'un d'autre est décédé. Je l'ai appris cette nuit. Il n'y aura personne non plus…
C'est gentil de laisser un commentaire quinze mois après le sujet. Comme quoi il est bon de ne pas les fermer !
Rédigé par : Fabien | 05/04/2008 à 10h05
Bonjour, Merci pour cet article que ne connaissais pas.
Pour être tout à fait exact le Président CHIRAC a cité le nom d'Hélène lors de son discours aux Invalides pour la disparition de Lucie AUBRAC peu de temps après.
Pierre Viannay
Rédigé par : Pierre VIANNAY | 22/06/2012 à 15h38