Le groupe a investi hier rue des Taillandiers
Une trentaine de membres de Jeudi Noir ont investi samedi un appartement de la rue des Taillandiers (11e), mis en vente 370 000 €. Le Premier ministre a promis dimanche midi sur “Canal +” une solution « dans les prochaines heures » !..
Après avoir bu du mousseux et mangé de la galette des rois, ils ont nettoyé les lieux et sont repartis… Utilisant le happening comme outil militant, l'association qui dénonce la spéculation immobilière s'est rendue célèbre en perturbant de manière festive les visites d'appartements. Généralement le jeudi soir, une fois que je journal de petites annonces « De Particulier à Particulier » est paru. Ils dénoncent les loyers exorbitants et les cautions exigées. Sans doute n’ont-ils pas encore remarqué cette petite annonce où, en sus du loyer et des charges, il faut payer une connexion câble/Internet déjà existante. Un 27 m2 justement situé rue des Taillandiers… que les émoluments d’un employé de base de la Ville de Paris ne parviennent pas à payer.
Cette action est la première du Ministère de la crise du logement, créé lundi dernier par Jeudi noir et deux autres associations (Macaq et le Droit au logement) dans un immeuble squatté du 2e arrondissement qui devait en théorie changer de mains demain 8 janvier.
Pour d’autres associations comme le Secours catholique, Emmaüs France ou les Enfants de Don Quichotte qui débordent désormais du canal Saint-Martin, il ne suffit pas de proclamer le droit opposable au logement, comme l’a fait le président Chirac lors de ses vœux aux Français.
La notion d’opposabilité au droit au logement a fait l’objet d’un rapport de 47 pages de Xavier Emmanuelli, remis au Premier ministre. Ce dernier était ce midi l’invité de Canal + et a affirmé qu’une solution serait trouvée dans les prochaines heures ! Le 3 janvier, il avait déjà annoncé un projet de loi pour le 17 janvier (deux semaines pour plancher sur tout, ça laisse rêveur…) et était intervenu sur les chaînes d’information en continu pour la présentation de ses idées.
La revue Actualités sociales hebdomadaires (ASH) avait il y a deux ou trois ans publié un volumineux dossier sur ce thème, qui fait partie des directives européennes et doit donc être appliqué en droit français. Les dernières brèves des ASH peuvent laisser sceptique. Sur un plan purement juridique, le « journal d’un avocat » (de Maître Eolas) d’hier samedi peut aussi laisser perplexe…
Ce matin, sur Europe 1, l’éditorialiste Catherine Nay a comparé le film « Indigènes » qui avait fait réagir Jacques Chirac sur le sort des Anciens combattants avec des photos fixes du canal Saint-Martin. « Il aura suffit d'une file de tentes en bordure du Canal Saint-Martin pour faire bouger les choses : le droit au logement opposable se profile. Mais s'il s'annonce révolutionnaire, il mettra sûrement des années à être appliqué. », a-t-elle commencé, pour expliquer que la loi SRU, dont le texte initial est ici et le texte consolidé là, et dont on peut lire ici un Lexique pour les Nuls, n’était pas assez bonne, que les décisions de M. Chirac ne pourraient pas être appliquées en moins de 16 ans et qu’une relance de la construction ne créerait que de la main d’œuvre étrangère… parce que les Français ne travaillent « pas dans le bâtiment ». On peut écouter sa chronique du 07/01/2007 « Le droit opposable au logement : une révolution » en cliquant ici. Donc, selon cette journaliste qui ne cache pas ses sympathies pour l’ UMP, il faudrait davantage d’immigrés en France pour résoudre le problème du logement ! Conviendrait-il donc de revoir une fois de plus les lois sur l’immigration ?
La session ordinaire du Parlement (qui vient juste de reprendre après la trêve des confiseurs) s’achève théoriquement le 22 février, pour cause d’élections… Et le président de la République veut graver dans le marbre l’abolition de la peine de mort (alors qu’elle est interdite en Europe et que jusqu’à preuve du contraire la France est membre de l’Union européenne (elle en assurera même la présidence tournante le 1er juillet). Il faut aussi se pencher sur les électeurs calédoniens, dont le statut a pourtant été fixé en avril 2006, en pleine crise du CPE, par l’Assemblée. Ces choses-là, selon l’hôte de l’Elysée, doivent figurer dans la Constitution…
Fabien Abitbol
Dessin © Delize
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