"Personne n'est au-dessus des lois et personne n'est à l'abri". C'est sur ces mots que le commissaire Robert Lafrenière, qui dirige l'UPAC (Unité permanente anticorruption) depuis sa création début 2011, a conclu son point presse de 10h, heure de l'est (16h, heure de Paris).
Le
maire par intérim de Montréal a été arrêté ce lundi matin vers 6h
locales (midi, heure de Paris) par l'UPAC. Le mois dernier, c'était l'ex-maire de Laval (400.000 habitants) qui avait été arrêté par l'UPAC puis remis en liberté sous caution. Au total, six maires ou anciens maires sont déjà tombés entre les mains des policiers à ce jour.
M. Lafrenière a indiqué que, depuis sa création, l'unité anticurroption ("équipe de près de 300 personnes") avait procédé à 106 arrestations. Il a précisé que la population avait "rapporté des centaines de renseignements" à son unité. Car au Québéc il est possible d'aviser la police anticorruption de certains faits répréhensibles tout en étant protégé contre les éventuelles représailles.
Les arrestations de ce matin, menées sous le nom de "Projet Méandre", concernent deux projets immobiliers et visent les années 2006 à 2011. En juin 2011 a été promulguée une Loi concernant la lutte contre la corruption.
Les trois personnes arrêtées ce matin étaient "au moment des faits" des élus ou des fonctionnaires de l'arrondissement Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce à Montréal et sont sous le coup, au total, de 23 chefs d'accusation. Il s'agit de:
Micheal Applebaum: 14 chefs d’accusation, dont complot, fraudes envers le gouvernement, abus de confiance et actes de corruption dans les affaires municipales. M. Applebaum, ancien élu de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, était devenu maire de Montréal, principale ville du Québec (1.650.000 habitants), en novembre dernier, à la faveur de la démission de Gérald Tremblay, miné par les affaires de corruption.
Saulie Zajdel: cinq chefs d’accusation, dont abus de confiance, fraudes envers le gouvernement, actes de corruption dans les affaires municipales et commissions secrètes.
Jean-Yves Bisson: quatre chefs d’accusation, dont abus de confiance, fraudes envers le gouvernement et commissions secrètes.
La date des prochaines élections générales municipales au Québec est fixée au 3 novembre. Le probléme, avec l'arrestation du maire intérimaire le matin d'un conseil municipal, est désormais de savoir si la ville de Montréal va se doter d'un autre maire intérimaire ou si le gouvernement du Québec jouera la prudence en mettant la ville sous tutelle pour les quelques mois qui restent avant les élections.
Le Canada était classé 10e à l'indice de perception de la corruption de Transparency International en 2011 (la France 25e), contre 6e en 2010 (la France 25e également).
Fabien Abitbol
Commentaires