Depuis peu avant la Seconde Guerre mondiale, le service des objets trouvés de la préfecture de police de Paris (PP) est installé à la rue des Morillons, dans le 15e arrondissement. Ce qu'on trouve dans ce service de police créé sous Napoléon en 1804 relève de l'inventaire de Prévert. Et, au "coin des insolites" on verra même une robe de mariée qu'un chauffeur de taxi aura rapporté, indique la PP dans son info lettre PPrama numéro 227 de ce mercredi 8 août.
Vous avez égaré votre parapluie, une valise, le chien empaillé que votre arrière-grand-tante vous avait légué? La rue des Morillons est faite pour ça.
Créé en 1804, le service des objets trouvés de la PP est l’un des plus anciens du genre au monde. Son activité est "unique en Europe", selon PPrama. Installé depuis 1939 au 36 rue des Morillons (15e arrondissement), il reçoit, garde, et si possible restitue les objets perdus à Paris et dans les trois départements de la petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne).
En 2011, la quarantaine d'agents de ce service a recueilli 186.272 objets, en provenance de la RATP, de La Poste, des musées, des taxis, des grands magasins, de la Tour Eiffel, des Foires et salons, des taxis, et même des aéroports franciliens, puisque la PP y est compétente. Au quotidien, ce sont 250 à 300 personnes qui se présentent à la quête d'un objet perdu ou volé, y compris de nombreux touristes étrangers.
89% d'entre eux attendent moins d'un quart d'heure avant d'être reçus à un guichet. La rapidité pour être reçu pourrait être attribuée à la mise en place d'un traitement des demandes par courriel. "Plus d'une centaine de mails sont reçus chaque jour et obtiennent une réponse en moins de 5 jours", explique la PP pour qui l'"augmentation significative ces dernières années" du traitement des demandes par courriel et par téléphone a permis, par exemple, de faire baisser la fréquentation aux guichets "de plus de 7% en 2011 et de plus de 8% pour les 6 premiers mois de 2012". Les appels téléphoniques, au nombre de 20.000 par mois, seraient ainsi "réceptionnés par le service avec un taux d'efficacité de 70%".
Une téléprocédure a été ouverte sur le site mon.service-public.fr permettant aux usagers de déclarer leurs objets perdus directement en ligne.
Un quart des demandes satisfaites
Malgré tout, en 2011 le service a accueilli 72.205 personnes (dont 36.680 le premier semestre). En 2012, 32.964 demandeurs sont allés rue des Morillons au cours des six premiers mois de l'année.
Le pourcentage de restitution des objets est assez stable: 24,73% au premier semestre 2011 contre 25% au premier semestre 2012.
Les objets les plus souvent perdus sont les pièces d'identité, les clefs et les lunettes de vue. En 2011, dix mille téléphones portables ont atterri aux Morillons. Les pièces d'identité sont détruites par le service, comme les documents personnels et les clefs. Les passeports des ressortissants étrangers, en revanche, sont remis aux ambassades et consulats.
Un objet dont la valeur est réputée inférieure à 100€ sera conservé quatre mois, un de valeur supérieure dix-huit. À l'issue, les objets non réclamés sont confiés aux Domaines, afin d'être vendus au bénéfice de l'Etat. Bijoux et appareils photos supérieurs à 10 Mpixels seront vendus aux enchères, ainsi que certains objets de valeur. Ce qui est censé valoir moins de cent euros finit chez un brocanteur. Appareils médicaux et chaises roulantes sont données à des associations caritatives, car même ça, il arrive d'en trouver aux Morillons!
Au fil des années, la PP s'est constitué un véritable "coin des insolites" où sont regroupés les objets non réclamés les plus étonnants : robes de mariées rapportées par des taxis, statue de vierge emballée dans un caddie, biniou, crânes humains, urnes funéraires, coffret abritant des pierres du World Trade Center, langouste naturalisée retrouvée à Roissy, etc.
Par ailleurs, détaille PPrama, certains objets réceptionnés ont été transmis aux services de police aux fins d’enquête. C'est notamment le cas d'une mallette contenant plusieurs milliers d’euros, d'un appareil photo contenant des images à caractère pédophile, ou d'un sac contenant une arme de poing chargée. La police peut aussi, sur réquisition, demander aux "objets trouvés" si tel ou tel article appartenant à des personnes retrouvées inanimées a été rapporté.
Fabien Abitbol, photo archives de la PP
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