Selon Le Point daté de ce jeudi 17 novembre, l’hôpital Henri-Mondor de Créteil enregistre depuis deux ans et demi une mortalité double de celle relevée dans la région Ile-de-France en matière de chirurgie cardiaque. Le ministre Xavier Bertrand avait annoncé le 2 novembre à l’Assemblée nationale qu’il resterait ouvert.
Lancée en 1982, lorsque sous le premier septennat de François Mitterrand on commençait à penser à la maîtrise des dépenses de santé, le PMSI (Projet de médicalisation des systèmes d’information) est une base de données remplie par tous les établissements français, publics comme privés.
A Créteil, les chiffres de Henri-Mondor révèlent une mortalité élevée en chirurgie cardiaque, de 11,44% selon Le Point, alors que la mortalité moyenne des quatorze établissements pratiquant la même activité sur la même période (les trente derniers mois étudiés) en Ile-de France est de 5,52%. Sur un total de 7900 actes chirurgicaux, cela fait une différence du simple au double.
François Malye et Jérôme Vincent, les inlassables auteurs du traditionnel «Palmarès des hôpitaux», précisent que les chiffres du «premier semestre 2011 ne sont pas meilleurs: la mortalité grimpe à 13% contre 4,8% en moyenne».
La semaine dernière, prenant acte du rapport de l’Igas sur la chirurgie cardiaque, l’agence régionale de santé d’Ile-de-France estimait dans un communiqué qu’une «analyse plus fine de ces données» était «indispensable».
Lors de la séance de questions au gouvernement du 2 novembre (à lire ici en intégralité), le ministre en charge de la Santé Xavier Bertrand avait vanté la quantité et la qualité des soins, selon lui au rendez-vous à Henri-Mondor. Le ministre répondait à une question-chupa* d’un député UMP du Val-de-Marne, qui l’avait déjà questionné en ce sens en mai. Ainsi, l’occasion était donnée à Xavier Bertrand de réaffirmer une nouvelle fois que le service de chirurgie cardiaque ne fermerait pas. Un désaveu de l'Agence régionale de Santé, selon Le Quotidien du médecin.
Dans le cadre du schéma régional de réorganisation des soins (SROS), le gouvernement veut fermer d'ici septembre 2012 quatre (voire cinq) centres de chirurgie cardiaque en Ile-de-France, dont un au sein de l'AP-HP. L'Assistance publique en compte quatre: La Pitié-Salpêtrière et Henri-Mondor, qui réalisent chacun plus de 1200 actes annuels de cardiopathie de l'adulte, Bichat, (663 interventions l'an passé) et l'Hôpital européen Georges Pompidou (589).
Alors que le ministre en charge de la Santé avait dans un premier temps envisagé la fermeture de Henri-Mondor, l’Igas objecte dans son rapport remis le 8 novembre que cette fermeture contrarierait le développement des activités de cardiologie mais aussi de chirurgie qui constituent un pôle d’excellence. L’Igas propose que des personnels de La Pitié Salpétrière puissent intervenir pour venir renforcer ce pôle, et souhaite préserver la culture d’enseignement, qui existe depuis 1975 dans ce service de Créteil.
En outre, le rapport de l'Igas précise: «L’Hôpital européen Georges Pompidou doit augmenter son activité de chirurgie cardiaque en réussissant, si l’accord des parties le permet, l’accueil de la chirurgie cardiaque de l’hôpital de Saint Joseph, mais aussi et surtout développer son activité de cardiologie interventionnelle.» Si le gouvernement suit les recommendations de l'Inspection générale, la fermeture devrait logiquement concerner La Pitié Salpêtrière ou Bichat… Mais Xavier Bertrand a demandé «une mission complémentaire, qui portera sur l’organisation, la qualité des soins et des pratiques en chirurgie cardiaque au sein des quatre hôpitaux de l’AP-HP, qui permettra de compléter les conclusions du rapport initial», indique un communiqué du ministre. La décision officielle n'est donc pas pour demain.
Fabien Abitbol
*question-chupa (ou #chupa, sur twitter): nom initialement attribué par @ZeFML aux questions flatteuses, à la limite de l’inutilité, posées aux membres du gouvernement en séance publique, lors des commentaires en direct des séances de questions. Dans le cas d'espèce, la question étant posée le 2 novembre (alors que l'Igas allait rendre son rapport le 8 novembre), la position ministérielle était celle du 4 mai, et il s'agissait donc bien d'une “question-chupa”.
peut être que le chef de service prend des cas plus désespérés que ses confrères...
Rédigé par : Panzani | 17/11/2011 à 12h46
@Panzani,
Selon le professeur Lantièri, il manquait une quinzaine d'anesthésiste quant il a claqué la porte:
http://www.leparisien.fr/societe/professeur-lantieri-pourquoi-je-quitte-henri-mondor-04-05-2011-1435394.php
N'étant pas de la partie, je n'ai pas inclus cet élément dans mon sujet récapitulatif des événements des derniers mois.
Mais on lit déjà dans ce sujet de mai la fourchette de "deux à trois fois plus de morts" en cardio à Mondor.
Rédigé par : Ménilmuche | 17/11/2011 à 15h17