Non, la cabine
téléphonique n’est pas morte. A Paris, il y en a 5299, soit en moyenne une pour
380 habitants, paris comptant 2,2 millions d’habitants (voir ici). Et Orange a mis en place vendredi 9 avril la première nouvelle cabine
multifonctions, prévoyant d'en installer dans les prochains jours dans une dizaine de lieux. Voici ce
qui attend les Parisiens, les touristes, et peut-être la France…
La première cabine a été mise en service le 9 avril sur les Champs-Elysées
—————
Malgré l’essor des téléphones portables, et la très
prochaine entrée en service des numéros commençant par 07 du fait de la saturation attendue de longue date du
06, des millions de personnes utilisent encore les cabines, six à sept
millions, selon France Telecom/Orange, dont un million rien que sur Paris qui,
outre son flux touristique et son lot de travailleurs quotidiens, ne compte que
2,21 millions d’habitants, soit en gros 1/30eme de la population française.
En France, 145 000 cabines sont encore en service
(une pour 440 habitants), un chiffre en constante diminution. Selon France
Telecom, environ 60% des cabines ont disparu entre 1997 et 2009 (chiffres
France entière) et une cabine installée en zone urbaine est utilisée en moyenne
2 heures par jour, par un usager non équipé de portable (il en existe…), par
quelqu’un ayant épuisé son crédit, ou par un étourdi ayant oublié de recherger
sa batterie. Sur la diminution des cabines en Frrance, lire également France Télécom ne veut plus gérer ses cabines téléphoniques.
A Paris, l’opérateur s’est associé à la Ville et à la
société JCDecaux pour inaugurer le 9 avril sa première cabine, sur les
Champs-Elysées. C’est en effet la société d'affichage et de mobilier urbain JC
Decaux qui en a développé le design. Le designer proprement dit est Patrick Jouin, indique cette dépêche du Cercle finance relayée par L’Express/Votre argent.
Dans les prochains jours, une douzaine de cabines
seront mises en service. Les premiers quartiers ciblés par l’opérateur
historique sont des zones touristiques (Tour Eiffel, Montmartre,
Champs-Élysées, Le Marais), des quartiers plutôt résidentiels (La Villette,
Place d’Italie), d’autres plutôt étudiants (Saint-Michel, Saint-Germain)
et trois quartiers commerçants (Haussmann, Montparnasse, Bercy). Cette
expérimentation est supposée durer six mois. Là, l'opérateur avisera si la poursuite du déploiment de ces cabines est rentable sur Paris.
La cabine nouvelle génération est dotée d’un écran
tactile de 17 pouces et d’un accès Internet par connexion ADSL, à partir duquel
Parisiens et touristes pourront surfer gratuitement pendant six mois sur une
quinzaine de sites Internet dispensant des informations pratiques. On y
retrouve entre autres le site de la Ville de Paris, ceux de la RATP, de la
SNCF, de La Poste, de l'Assurance Maladie, de Pôle emploi, Service public,
Cityvox, Voila et Wikipédia. Par la suite, il sera possible d’accéder à
d'autres sites Internet, en service payant, selon des tarifs et modalités pas
encore indiqués.
Il est aussi possible de consulter ses courriels (ou
d’en envoyer) mais uniquement auprès de fournisseurs sélectionnés (AOL, Free,
Gmail, Hotmail, La Poste, Orange, Voila et Yahoo).
Qu’on se rassure : outre la fonction Internet,
la cabine téléphonique eu XXIe siècle permet aussi de… téléphoner ! Le
coût des communications téléphoniques est le même qu’avec les anciennes
cabines : 0,49€ pour trois minutes en local et national ou 0,99€ à destination
d’un téléphone mobile. Les utilisateurs ne profiteront donc hélas pas de
l’évolution technologique permettant de bénéficier des tarifs de transmission
de voix sur IP.
Les cabines les plus récentes étaient déjà ouvertes sur la rue
—————
Les (très) anciennes cabines à pièces étaient déjà
devenues rarissimes dans les grandes villes, les nouvelles n'acceptent
carrément plus les pièces. Elles ne prennent que les cartes téléphoniques
(celles vendues chez les buralistes, la carte France Telecom rattachée à
l‘abonnement étant désormais dématérialisée) et prochainement accepteront le paiement
par carte bancaire, comme pour les moins anciennes des cabines actuellement en
service.
Pour en savoir davantage sur Paris, cliquer ici.
Le choix dans la date du lancement par Orange de
cette nouvelle cabine à Paris n’est pas innocent : en 2013, la convention
d’occupation du domaine public liant la Ville à France Telecom arrive à
expiration… Ainsi, Orange espère séduire les Parisiens et les élus, et
remporter le marché, même si un appel à projet doit être lancé par la Ville
pour le renouvellement de la concession. L’opérateur historique (associé au
grand groupe de mobilier urbain) joue là son atout séduction pour tenter de
prendre une longueur d’avance sur ses éventuels concurrents. Et espère ne pas
perdre son monopole.
F. A.
Adresses parisiennes où seront installées les premières cabines : 48 et 136 avenue des Champs-Elysées, Quai Branly, pilier Ouest de la Tour Eiffel, 16 boulevard de Clichy, 1 rue de Rivoli, 219 avenue Jean-Jaurès, 213 boulevard Vincent-Auriol, 20 boulevard Saint-Michel, 142 boulevard Saint-Germain, 40 boulevard Haussman, 77 boulevard Montparnasse, 26 rue des Pirogues de Bercy.
Se peut-il qu'un choix dans la date soit innocent ?
Rédigé par : Frédéric | 15/04/2010 à 13h47