C’est après avoir entendu, en juin 2009, que leur capitaine leur demandait lors du petit déjeuner « ça va les Bananias ? » que trois fonctionnaires de police de la région parisienne ont décidé de porter plainte auprès de la gendarmerie. Une plainte classée sans suite par le parquet de Meaux. Me Alex Ursulet, avocat au barreau de Paris, a décidé de prendre leur dossier en main et d’attaquer l’Etat pour déni de justice, indique François-Xavier Guillerm, sur le blog du 5e DOM.
Jean-Marc (de dos en photo avec Mes Ursulet et
Sulpicy), Cédric et Fabrice, affectés à une compagnie républicaine de sécurité
(CRS) basée en Ile-de-France, étaient en juin en mission en Corse. Le 20 juin,
à leur cantonnement d’Ajaccio, alors qu’ils prenaient leur petit déjeuner, leur
capitaine et chef de section arrive dans la salle, les regarde et leur
lance : « Ca va les Bananias ? ».
« Ca nous a secoué comme une percute de
Tyson ! », raconte l’un d’eux au correspondant du groupe France Antilles à Paris. Les trois policiers sont originaires de la Guadeloupe… et noirs.
En juillet, les différents acteurs de cette sombre
histoire sont entendus par un commissaire de police corse, qui… tente
d’étouffer l’affaire. Le 17 juillet, retour de la compagnie de CRS sur le
continent. Début août, les trois policiers portent plainte à la gendarmerie.
Une heure d’attente et un coup de fil au parquet plus
tard, les gendarmes enregistrent une plainte pour « injure non publique en
raison de l’origine, de l’ethnie, de la nation, de la race ou de la
religion ». Une plainte qui suit son cours, jusqu’au parquet de Meaux
(Seine-et-Marne). Mais, le 15 décembre 2009, le procureur de la République de
Meaux informe les trois fonctionnaires de police du classement sans suite de
cette plainte… au motif que les faits seraient prescrits, et par voie de
conséquence l’action publique éteinte.
Côté police, l’enquête interne, selon le
blog du 5e DOM, a abouti, mais la montagne a accouché d’une souris : le
capitaine n’a reçu un simple avertissement et ne s’est toujours pas excusé.
« On travaille toujours avec lui, mais il fait le coq, le fanfaron… »
Me Alex Ursulet (auteur de Pourquoi me tutoyez-vous ?, rédigé après s’être retrouvé menotté à un radiateur
suite à un contrôle de police à Paris), a décidé de saisir le ministre de
l’Intérieur, le parquet général de Paris, le Conseil supérieur de la
magistrature (CSM, composition ici) et… le président de la République pour « déni de justice ». Une
procédure particulière qui, si elle a peu de chances d’aboutir, atterrira
peut-être devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), à Strasbourg.
Les faits reprochés par les trois fonctionnaires de
police à leur supérieur hiérarchique s’étant déroulés en juin 2009, ils sont
antérieurs à la sortie sur les « Auvergnats » de Brice Hortefeux,
ministre de l’Intérieur qui prit ses fonctions moins d’une semaine après… ainsi
qu’à ceux du préfet Paul Girot de Langlade, révélés en France métropolitaine pour la première fois ici, bien avant que la “presse
traditionnelle” ne s’en empare.
Le « racisme ordinaire » à la base, en quelque sorte… mais par personne ayant autorité.
F. A., photo Le blog du 5e DOM
• Reprise le 14 avril à 22h40 sur Rue89
Pas un cas isolé - ça se termine en général par des mutations. Les Infiltrés devraient s'y intéresser mais Pujadas disparaitrait sous le képi. La biz mon grand.
Rédigé par : Desirade | 13/04/2010 à 17h02