Alors que depuis novembre 2006 on pouvait penser l’immeuble préservé, le blogue du comité de sauvegarde du 22, rue Basfroi (11e), un immeuble
du début du XVIIe, indique que le conseil d’arrondissement a voté lundi soir ce vœu « relatif à la réalisation d’une opération de logements ».
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Voici un siècle, en 1910, un bougnat se trouvait au 22 rue Basfroi. Il faisait face à une boucherie
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« Les
élus municipaux des VERTS, du PRG, de l'UMP et du MODEM ont voté contre ce
nouveau projet de destruction du 22 rue Basfroi », note le comité de
sauvegarde, qui précise que la destruction est le fait des élus PS, PC et MRC.
Peu après la sauvegarde provisoire de novembre 2006, le maire de Paris s’était dit « sensible à l’intérêt patrimonial » de ce bâti de 1608, mais indiquait vouloir construire des logements sociaux. A l’occasion d’une révision du PLU du 11e, dans un document de six pages, on pouvait lire en page 3 au sujet du 22 de la rue Basfroi : « A cette dernière adresse est implanté à l’alignement un petit immeuble faubourien de deux étages et combles. Bâti au début du 17e siècle, il constitue l’un des derniers témoignages de l’aspect primitif de la voie. Son intérêt a été rappelé à plusieurs reprises par la Commission du Vieux Paris qui en a demandé la protection. Par son implantation et son ancienneté, il crée entre deux tronçons de 9 et 12 mètres de large un resserrement de la voie qui réduit sa largeur à 6,20 mètres environ. », et en page 4 « …un examen par la Commission du Vieux Paris a montré l’intérêt de conserver et restaurer le bâtiment sur rue situé 22, rue Basfroi. Une récente étude de l’Atelier Parisien d’Urbanisme a par ailleurs permis d’établir que le programme initialement prévu (une cinquantaine de logements sociaux) serait peu affecté par cette option : environ 45 logements sociaux pourront être construits. Cette étude préconise le maintien de l’emplacement réservé pour l’élargissement de la voie au droit des parcelles voisines en prolongement de l’alignement actuel de la rue du n°2 au n°18. Des aménagements de voirie seront nécessaires pour sécuriser les cheminements des piétons sur le trottoir. ». Ces modifications ont été actées les 17 et 18 décembre 2007, selon l’archivage parisien.
Quant au vœu de la mairie d’arrondissement de novembre 2006, il faisait suite à cet article du Canard enchaîné qui avait relevé quelques bizarreries dans la soudaine dégradation du bâtiment vieux de quatre siècles. Un mois auparavant, déjà, Le Canard, dans Vieilles pierres d’achoppement, avait dressé l’état des lieux. Et c’est précisément de cette dégradation savamment entretenue qu’il s’agit aujourd’hui, à ce que l’on peut lire sur le site Internet de La Vie immobilière d’hier dans cette brève : « Depuis que cette maison a été protégée, aucune opération de réhabilitation n’a été engagé et elle se dégrade rapidement. Il a fallu l’étayer, c’est dangereux pour les habitants et en plus elle bloque un projet de 55 logements sociaux pour notre arrondissement », explique l’adjoint au maire du 11e, François Vauglin. Au Conseil de Paris, M. Vauglin est vice-président de la 8e commission (urbanisme et logement).
En clair, cet immeuble de quatre siècles (construit vers 1608) aura dépéri seulement après son rachat par l’Opac (devenu Paris Habitat). Il apparaissait en effet en bon état en 1998. En 2006, le toit était en partie arraché, les combles prenaient l’eau et la stabilité du bâtiment était menacée. Début 2007, des travaux de consolidation d’urgence étaient effectués. Depuis… Rien.
Sur
le blogue du comité de sauvegarde, la mairie d’arrondissement a fait passer un communiqué (en mode "commentaire") laissant clairement entrevoir ses objectifs, et
offrant la possibilité aux habitants d’« adresser leurs requêtes » par
courriel.
Madame, Monsieur,
Je souhaiterais intervenir sur ce blog pour rétablir certaines vérités. Non, je ne souhaite pas la destruction d’un bâtiment qui représente un témoignage de l’architecture du XVIIe siècle. Non, je ne souhaite pas passer en force sans consulter les riverains, le Conseil de quartier et l’association de sauvegarde du 22 rue Basfroi. Je pense être un élu responsable, qui ne peut se satisfaire du statu quo.
Voilà trois ans, ce bâtiment a été sauvé de la destruction par le Maire de Paris avec mon soutien et celui de l’ensemble des élus de la municipalité du 11ème arrondissement, un arbitrage rendu à la condition de ne pas revenir sur le principe de la construction de logements sociaux aux 20 et 24 rue Basfroi.
Force est de constater que, depuis, la friche autour de la maison existe toujours et que l’état du bâtiment s’est très fortement dégradé. Dans les nombreux échanges que j’ai sollicités depuis que je suis Maire, avec Paris Habitat, la Ville de Paris, ou encore avec des architectes, tout le monde s’accorde pour constater que la réhabilitation du 22 rue Basfroi serait extrêmement coûteuse pour la collectivité. Cette décision budgétaire ne va pas de soi dans un contexte contraint par la crise économique, d’autant qu’aucun projet réalisable n’est aujourd’hui proposé. J’entends certes ici ou là que l’on pourrait faire de ce bâtiment une vitrine. J’y serais favorable si la possibilité de créer un « Equipement Recevant du Public » était possible, ce qui n’est pas le cas.
Je ne peux me résoudre à voir les mois et les années passés sans que rien ne se passe à cette adresse. C’est la raison pour laquelle j’ai pris l’initiative du vœu voté par la majorité du Conseil d’arrondissement le 21 septembre dernier, dont le principal objectif est de débloquer un aménagement gelé depuis près de 20 ans. Nous ne pouvons plus attendre. Chaque année passée, sans que rien ne se passe, représente un coût exorbitant. C’est tout le sens de la démarche de la Municipalité : peut-on nous offrir le luxe en période de crise de dilapider l’argent public et de geler un projet de plusieurs dizaines de logements sociaux dans un arrondissement qui compte près de 8 000 demandeurs ?
Voter un vœu sur le 22 rue Basfroi, qui, je le rappelle, demande à la Ville de Paris de dégager les financements nécessaires à la réhabilitation, permet aujourd’hui de relancer le débat sur la place publique. Je ne conçois la levée de la réserve patrimoniale dans le cadre d’une prochaine révision du Plan Local d’Urbanisme, que comme l’ultime recours pour débloquer une situation qui serait devenue inextricable. C’est la raison pour laquelle je souhaite d’ici là que les habitants du 11ème arrondissement fassent part à leurs élus de leur avis sur ce futur aménagement, et notamment sur la préservation de la maison du 22, rue Basfroi. Je lancerai dans les prochaines semaines une vaste consultation citoyenne à l’échelon de l’arrondissement. L’adresse mail suivante [email protected] est d’ores et déjà ouverte à tous.
Patrick Bloche
Député-Maire du 11ème arrondissement
Rédigé par : Patrick Bloche | 25/09/2009 à 20h38