En Une de son édition de ce lundi 22 juin, Libération rappelle, comme beaucoup d’autres titres de la presse quotidienne, que cet après-midi, une fois le règlement modifié (ce qui a été fait ce matin) le président Sarkozy fera son discours au Parlement à Versailles, comme cela n’est pas arrivé depuis le milieu du XIXe siècle. La France, au bord du gouffre, fait un grand pas en avant.
Certes, il manquera Les Verts et les communistes, Chirac et Villepin, certes, les socialistes ont décidé de ne pas répondre au président —qui de toutes façons ne sera plus là—, mais France 3 a mis les petits plats dans les grands, remettant à demain la première télénovela française, pour ce que le président Sarkozy compare au message sur l’état de l’Union (devenu « discours » en 1945), délivré une fois par an aux Etats-Unis par le président américain.
Sauf que le président
américain est censé délivrer son message une fois par an et n’est élu que pour
un mandat de quatre ans, renouvelable une fois. En France, avec la constitution
modifiée, il peut se présenter quand bon lui semble… et le mandat dure cinq
ans. Cinq ans, depuis un référendum de 2000 prenant effet à la présidentielle
de 2002.
Et Libé a écrit « Le Président
souhaite relancer son septennat en prononçant, pour la première fois, un
discours devant le Congrès réuni à Versailles »…
En termes techniques, cette
erreur est assimilée à une coquille, ou une couille, selon que le « q » saute ou pas, car c’est le propre
d’une coquille de ne pas prévenir. En psychanalyse, on parlerait peut-être de
lapsus. En démocratie, c’est un coup d’Etat, comme fit Napoléon Bonaparte, le
18 Brumaire An VIII en convoquant le Conseil des Cinq-Cents (techniquement devenu Assemblée nationale). Ce lundi 22 juin, le congrès est présidé par le président de l'Assemblée nationale.
Fabien Abitbol
è La fonction présidentielle de 1848 à l’introduction du quinquennat (Documentation
française) Mise à jour de 16h30 : il n'y a pas eu de coup d'Etat, même si, avec notre bon mètre celui-ci est presque permanent. Il s'agissait donc d'un lapsus calami, ou d'une grosse couille.
Fallait oser, choisir Versailles. Mais je reconnais qu'il y a des points communs avec Louis XIV, on peut ne pas aimer Sarkozy et l'admettre : la taille et les talonnettes.
Et dans trois ans ? Finira-t-il comme Louis XVI ? Symboliquement, bien sûr.
Rédigé par : raannemari | 23/06/2009 à 10h40