La loi se meurt, le couple présidentiel reçoit artistes et producteurs
Jean Reno, Eddy Mitchell, Françoise Hardy, Michel Jonasz, Jean-Jacques Beineix, Pascal Nègre, Claude Lelouch ou encore Bertrand Tavernier, ils étaient à l’Elysée ce mercredi, auprès de Nicolas et Carla Sarkozy pour un « échange informel ». Hier, l’amendement Bono a de nouveau été voté. Par quarante voix contre quatre, et deux absentions, indique le communiqué de la commission Trautmann (lire en bas).
Alors que les eurodéputés sont sur le point d’enterrer la loi Création et Internet (le
vote définitif aura lieu le 5 mai), Nicolas Sarkozy, qui a fait en sorte que le
texte revienne à l’Assemblée à partir du 29 avril, pour être discuté à compter du 4 mai, veut rassurer ses
amis. En faisant venir à l’Elysée, en compagnie de Carla Bruni-Sarkozy une
soixantaine d’artistes, de producteurs et de cinéastes, tous très jeunes et
branchés (Claude Lelouch, 72 ans, Eddy Mitchell, bientôt 67 ans, Françoise
Hardy, …oups ! pardon ça ne se dit plus), le président de la République a
voulu réitérer son attachement au projet de loi "Création et
Internet", rejeté le 9 avril par des députés socialistes « cachés derrière des
rideaux », selon la majorité présidentielle.
C’est que Nicolas Sarkozy espère bien une adoption
définitive du texte vers le 14 mai, soit neuf jours après la date à laquelle,
sauf énorme surprise, les eurodéputés devraient définitivement rendre illégal
ce projet de loi. Il a assuré ses hôtes qu'il refusait de « légaliser le
vol au supermarché de la création » ; pour un ancien ministre de
l’Intérieur qui vient de prononcer un discours ultrasécuritaire en vue des
futures échéances électorales, on comprend fort bien qu’il soit contre le vol. Mais la
coupure de l’accès Internet, du téléphone et de la télévision, moyennant le
paiement de l’abonnement, ce en toute illégalité européenne, c’est à se
demander qui volerait qui ! L'avocat de formation, marié à une artiste, aurait voulu prendre de court les députés français (en vacances) sur la décision des eurodéputés de la commission Trautmann, il ne s'y serait pas pris autrement.
Nicolas Sarkozy a reconnu auprès de ses invités que
la future loi ne réglera pas tous les problèmes liés au piratage : on le
savait déjà… Et a annoncé son intention de convoquer prochainement (« dans
les mois qui viennent ») des « Etats généraux de la création »
pour aborder les problèmes inhérents aux droits dans les nouvelles
technologies, ce dans… la dimension européenne du problème.
Se pensant (ou se voulant) peut-être encore à la
présidence de l’Europe, ou pensant (de nouveau) au scrutin du 7 juin, Nicolas
Sarkozy a indiqué que la France pouvait entraîner toute l'Europe dans cette
réflexion. Mais peut-être que l’Europe l’a précédé. Hier soir. En votant à une
majorité écrasante l’amendement de Guy Bono, avec seulement deux abstentions.
Fabien Abitbol, avec Reuters et Associated Press
è Un entretien avec Catherine Trautmann, la femme qui a « tué Hadopi »
è Le communiqué de Catherine Trautmann, présidente de la commission Industrie,
Recherche et Energie du Parlement européen
Commentaires