Une perquisition a eu lieu hier à l'Agence de production audiovisuelle Tac Presse, a indiqué le site Internet Bondamanjak, précisant dans cette brève qu’« un juge et quatre policiers ont fouillé les archives et les ordinateurs de l'agence. » L’enquête ouverte en Martinique pour « apologie de crime contre l'humanité » et « incitation à la haine raciale » se poursuit à Boulogne-Billancourt. Alain Huyghues-Despointes se trouverait en France métropolitaine.
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Agé de 83 ans, Alain Huyghues-Despointes est visé par une information ouverte pour « apologie de crime contre l'humanité » et « incitation à la haine raciale »
Photo : Moyennes et petites industries
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Cette perquisition fait suite à la diffusion du documentaire Les derniers maîtres de la Martinique. Ce documentaire, diffusé pour la première fois en France sur Canal + le 30 janvier avait réuni plus de 10 % de téléspectateurs et suscité des réactions (meilleur score d’audience de cette série documentaire) ; puis il avait aussi été diffusé aux Antilles (sur Canal + Antilles) le vendredi 6 février ; il avait été réalisé par Romain Bolzinger pour Tac Presse. On y voyait notamment un béké, l’industriel martiniquais Alain Huyghues-Despointes, affirmer « vouloir préserver sa race ».
« Quand je vois des familles métissées avec des blancs et des noirs, les enfants naissent de couleurs différentes, il n'y a pas d'harmonie », disait cet homme qui louait alors une maison au préfet de la Martinique, M. Ange Mancini. Victime collatérale de la diffusion de ce documentaire, l'ancien commissaire de police et patron du RAID, au milieu des négociations sociales avec le « collectif du 5 février » devait, quelques jours après la diffusion, déménager pour séjourner à l’hôtel.
Dans un communiqué daté du 2 février (entre la diffusion de Canal + et celle de Canal + Antilles) et envoyé aux rédactions locales, M. Huyghues-Despointes affirmait que ses propos avaient été « sortis de leur contexte » et qu'ils ne reflétaient « en rien ses convictions profondes » sur l'esclavage, « un passé honni ». Il y présentait aussi ses « sincères regrets » à ceux qui ont été « blessés ».
Les enquêteurs ont visionné des extraits de films mais sont repartis sans rien emporter.
De source judiciaire à Fort-de-France, on confirmait que cette perquisition a été conduite par le juge Bruno Lavielle. Cette information judiciaire devrait déboucher sur l'audition de M. Huyghues-Despointes, qui se trouverait en métropole, par un juge d'instruction. Cette perquisition s’inscrit donc dans le cadre de l’information ouverte à Fort-de-France sous les chefs d’« apologie de crime contre l'humanité » et « incitation à la haine raciale » à la suite de la diffusion de ce documentaire. « On a des lois qui interdisent ce genre de choses dans la République », s’était indigné sur les ondes d’Europe 1 le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer Yves Jégo, annonçant à l’époque lui-même, fait inhabituel, l’ouverture de l’information par le parquet de Fort-de-France trois jours plus tôt (le lundi 9 février). Le jeudi 12 février, il avait jugé ces propos « parfaitement ignobles ». Il avait même souhaité que M. Huyghues-Despointes fasse l’objet « d’une condamnation très forte ».
Dans une lettre pastorale, l’évêque de Fort-de-France, Mgr Michel Méranville, avait estimé que « Ces déclarations inadmissibles ont rouvert des plaies non cicatrisées laissées par l’esclavage (…) Elles ont réveillé les spectres du racisme et de l’apartheid et provoqué colère et indignation. Elles ont exacerbé les sentiments d’exploitation, de frustration et de mépris ressentis par une grande partie de la population. L’Église catholique en Martinique condamne fermement ces déclarations (…). Elle réprouve leur auteur, mais refuse que, par la faute de ce dernier, l’anathème soit jeté sur l’ensemble des békés, dont plusieurs stigmatisent de tels propos. »
F. A.
⇒ Pour visionner Les Derniers maîtres de la Martinique (52 min.), cliquer ici.
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