Les intérimaires « sans-papiers » souhaitent l’établissement de « critères »
Ce sont désormais quatre agences d’intérim parisiennes qui sont occupées, avec quelques dizaines de sans-papiers qui se sont installés, hier, dans les locaux de Perfect Intérim, dans le 10e arrondissement (12, boulevard de Magenta). Il s’agit pour certains des travailleurs qui, en septembre, avaient été agressés au stand Bolivie de la Fête de l’Huma, de se faire entendre sur des « critères » de régularisation. Depuis un mois, ces travailleurs en grève avaient le soutien de la mairie d’arrondissement.
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Près de la Gare du Nord, l'agence Man-BTP est également en grève depuis plusieurs semaines
Photo : Le Quotidien des sans-papiers
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Le gérant de l'agence Perfect Intérim et la CGT intérim ont tous deux confirmé ce mardi que l’agence du 10e arrondissement est occupée depuis hier par quelques dizaines de travailleurs intérimaires. Désormais, des sans-papiers ayant déjà effectué des missions occupent quatre agences d'intérim parisiennes (avec le soutien de la CGT) et réclame l'établissement de critères « permettant à des intérimaires d'être régularisés ». Voté en octobre à l’unanimité, l’amendement Lefebvre (du nom du député UMP des Hauts-de-Seine, longtemps collaborateur de Nicolas Sarkozy et actuel porte-parole du parti présidentiel), ne fixe aucun critère, et laisse le choix de la régularisation (ou pas) au préfet. Ainsi, depuis le début de la grève francilienne (à la mi-avril), les premiers régularisés, par exemple, l’ont été dans un restaurant de… l’Ile de le Jatte, à Neuilly (quartier de l’ancien domicile de l’actuel président de la République). D’autres ont eu moins de chance, alors que leur dossier n’était pas moins bon, voire meilleur.
Depuis plusieurs semaines, il y a grève chez Manpower (rue Parrot, 12e, près de la Gare de Lyon), dans une agence Vediordbis du 12e arrondissement et dans une Man-BTP proche de la gare du Nord, a rappelé Yannic Poulain de la CGT intérim.
Si la la CGT souligne « de bonnes avancées » ces derniers mois sur les dossiers de régularisation de salariés du BTP, de la restauration-hôtellerie, du nettoyage et de l'aide à la personne, elle regrette que rien ne soit prévu pour les intérimaires.
« Ce qui est récent, c'est que le ministère (de l'Immigration) accepte de discuter de la régularisation d'intérimaires », indique Francine Blanche (de La CGT), qui participe aux discussions avec le gouvernement et le patronat de l'intérim, précisant que les différends portent sur « la durée d'ancienneté dans l'intérim » exigée pour prétendre à une régularisation et « l'engagement des entreprises de travail temporaire sur des missions à venir au delà d'un an ». Le syndicat qui, depuis avril, soutient (et a coordonné en amont) le mouvement francilien des sans-papiers, propose qu'un salarié ayant travaillé six mois en intérim au cours des dix-huit derniers mois soit régularisable : « C'est la durée exigée pour participer aux élections professionnelles dans l'intérim », indique Francine Blanche.
25 africains régularisés
Le gérant de Perfect Intérim, Elie Berrebi, a qualifié sa situation de « dramatique ». « La loi se retourne contre les employeurs et la préfecture fait le dos rond », a-t-il déploré.
Cependant, certains employeurs exagèrent pour le moins et modifient par exemple le numéro de sécurité sociale de l’employé. Ainsi, vendredi dernier, vingt-cinq travailleurs africains ont été régularisés sur deux sociétés après des contrôles de l’inspection du travail de 2007, et des licenciements de fait. Le front commun entre les sans-papiers de la chaîne de supermarchés asiatiques Paristore et ceux de Métal couleur (qui étaient allés jusqu’à voir le préfet du Val-de-Marne) a payé.
F. A., avec Le Figaro/AFP et Afrik.com
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